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Social

Massacre à Charlie Hebdo : Un sous produit barbare de la barbarie capitaliste

Il n’y a rien à rajouter à l’indignation, à la colère et au dégoût qui se sont exprimés face à l’assassinat dont ont été victimes les journalistes et salariés de Charlie Hebdo.

En réponse à cet assassinat de journalistes et salariés, à cette volonté de bâillonner la liberté d’expression, des dizaines de milliers de manifestants sont descendus spontanément mercredi dans les rues.

La liberté d’expression, la liberté de la presse, sont des droits démocratiques fondamentaux qui doivent être défendus parce qu’ils sont, notamment, indispensables aux salariés et à la jeunesse pour combattre le capitalisme. Cette liberté est décisive pour pouvoir critiquer et dénoncer le militarisme, le colonialisme et le néo colonialisme, les méfaits des appareils d’État, la corruption, le nationalisme et le chauvinisme, etc… Et cette liberté est indispensable pour organiser la mobilisation contre les exploiteurs et les soutiens du capitalisme.

La bourgeoisie, hypocrite sur la liberté d’expression

Aujourd’hui, des journaux bourgeois, des partis bourgeois, des Églises diverses, des conservateurs de tous poils s’indignent de ce massacre organisé contre la liberté d’expression. Mais les mêmes forces pro-capitalistes ont jusqu’à ce jour œuvré à réduire pas à pas cette même liberté d’expression qu’ils disent aujourd’hui vouloir défendre. Faut-il rappeler que, à la différence des États-Unis, brûler le drapeau national en guise de protestation est considéré, en France, comme un délit ? Faut-il rappeler que les chefs du catholicisme tentent, à intervalle régulier, de ré-introduire, sous un autre nom, le délit de blasphème ? Faut-il rappeler que d’autres, avec l’appui de Manuel Valls, tentent de faire condamner l’anti sionisme comme un anti sémitisme ?

Les appels à réaliser « l’union nationale » avec des dirigeants et partis bourgeois visent à masquer une réalité incontournable : certes, les droits et libertés démocratiques dites « bourgeoises », héritées de la révolution française - et d’une époque où la bourgeoises avait un avenir - doivent être défendus, mais ces libertés démocratiques sont aujourd’hui menacées par les gouvernements bourgeois et les forces qui défendent le capitalisme. Les immigrés sans papiers peuvent le mesurer chaque jour. Ceux qui, fuyant la Syrie ou d’autres dictatures, demandent l’asile politique en savent quelque chose. Et, aux États-Unis, les Noirs confrontés à la police blanche le mesurent quotidiennement. Il y a fort à parier que, le moment d’émotion passé, bien des démocrates « d’un jour » reprennent leur combat contre le droit fondamental à la liberté d’expression.

La bourgeoisie responsable de cette barbarie

Si des forces ultra réactionnaires telles Daesh ou Al-Qaeda, en Syrie, au Yémen ou ailleurs, avec les individus qu’elles endoctrinent et embrigadent dans différents pays, tels ceux qui ont organisé le massacre à Charlie Hebdo, constituent une pointe avancée de la barbarie, ces « barbares » des temps modernes ne tombent pas du ciel : ces groupes sont eux aussi des farouches défenseurs du capitalisme, et se sont développés dans des régions du monde dominées par les puissances impérialistes, directement ou par régimes vassaux interposés. Comment ne pas rappeler que l’Irak fut anéanti par deux guerres impérialistes, que la dictature syrienne de Assad (père puis fils) fut protégée par les États-Unis, la France et la Russie, et comment la révolution démocratique syrienne fut laissée sans défenses face à ses bourreaux ? Le peuple syrien insurgé se vit, trois ans durant, privé de tout réel armement tandis que le mouvement ouvrier international ne montrait quasi aucune solidarité avec ce peuple confronté à la barbarie du régime puis à celle de groupes ultra réactionnaires, dont Daech protégé initialement par Bachar al-Assad, et d’autres financés par de riches mécènes des pays de la région ?

De même, comment ne pas comprendre que ces groupes, jouant sur la xénophobie et la misère dont sont victimes, en Europe, nombre d’enfants d’immigrés, puissent à leur tour embrigader quelques dizaines de paumés ? Et en usant pour cela de la religion comme d’une drogue ? Mais cela permet aux organisations xénophobes et ultra- réactionnaires de lancer de nouvelles attaques contre les immigrés en procédant par amalgames.

Non à l’union nationale

Mais le fait positif, c’est le caractère spontané des rassemblements qui, à Paris et dans d’innombrables villes de France, ont eu lieu dès le soir de ces crimes : ces dizaines de milliers de manifestants étaient là pour défendre la liberté d’expression et aussi, en particulier, ce que représentait Charlie Hebdo à leurs yeux : un instrument pour dénoncer les tares de la bourgeoise et de ses amis. Ce fut emblématique dans diverses villes, comme à Lyon lors du rassemblement devant l’Hôtel de ville : quand les élus et notables tentèrent de lancer le chant de la Marseillaise, la foule se mit à scander : « Charlie ! Charlie, Charlie ! ».

Et le chant patriotique des défenseurs de l’union nationale fut totalement submergé par la clameur des manifestants : assassinés, les dessinateurs de Charlie étaient plus vivants que jamais.

Tous les médias, toutes les organisations politiques syndicales et religieuses affirment aujourd’hui que c’est la liberté d’expression, et notamment la liberté de la presse qui étaient visées. C’est exact. Mais l’on oublie que les meurtriers ont choisi de s’attaquer aux journalistes et salariés de Charlie Hebdo parce que, notamment, ce journal combattait le fanatisme religieux et, par le dessin et par la plume tous les pouvoirs religieux, sans exception.

Ce combat contre l’obscurantisme religieux était inséparable du combat contre le racisme, contre le colonialisme, contre le chauvinisme et le patriotisme, contre le militarisme et l’utilisation de la police contre les pauvres, les jeunes, les immigrés, inséparable du combat contre l’oppression des minorités, contre tous les conservatismes et les réactions que nourrit le capitalisme.

Ce combat ne peut que se poursuivre.

Mais il ne peut pas être mené en réalisant l’ « union nationale », ni avec un gouvernement qui poursuit l’offensive contre les travailleurs, renforce les mesures visant la population immigrée, élabore de nouvelles lois liberticides, ni avec les Bayrou, Sarkozy, Le Pen…

Seule la mobilisation des travailleurs et de la jeunesse, avec leurs propres organisations, peut imposer la défense des libertés démocratiques. L’unité des organisations (syndicats et partis) du mouvement ouvrier doit, sur cette question aussi, se réaliser sur un terrain de classe (indépendamment de l’État bourgeois, du gouvernement, des partis de la bourgeoisie).

 
 
Mis à jour le
23
mars
2023