À bas l’expédition militaire de Poutine en Syrie !
Aucune collaboration avec les dictateurs !
Non à toutes les interventions impérialistes !
Depuis le 30 septembre, Poutine a engagé ouvertement l’aviation russe dans une intervention pour sauver le régime de Bachar al Assad. C’est une modification dans la situation syrienne. Jusqu’alors, Poutine tenait ce régime sanguinaire à bout de bras. Désormais son armée intervient directement. Officiellement, il s’agirait d’attaquer Daesh. Mais en réalité, ce n’est pas Daesh (dont le développement fut encouragé par Bachar al-Assad) qui est visé. Ce sont les régions insurgées qui ont échappé à l’armée d’ al-Assad.
Depuis plus de quatre ans, les insurgés syriens cherchent à se procurer les moyens nécessaires pour se protéger des attaques aériennes, et notamment des barils de TNT. Ils ont aussi demandé des moyens pour repousser Daesh (qui ne combat pas Bachar al-Assad mais les insurgés).
Cela leur fut refusé, notamment par les États Unis et la France.
Puis, voyant leurs intérêts menacés par le pourrissement de la situation en Syrie et en Irak, les États-Unis à la tête d’une coalition internationale ont décidé d’intervenir par voie aérienne en visant Daesh, et sans jamais menacer Bachar al-Assad. Au contraire, le survol actuel de la Syrie implique de coopérer avec les forces armées d’al-Assad.
Le gouvernement français a décidé de s’associer à cette opération militaire, d’abord en Irak, et depuis fin septembre en Syrie : pendant que l’aviation de Bachar al-Assad massacre les insurgés, les avions français s’intéressent à Daesh. Cela ne peut que légitimer et conforter le régime dictatorial syrien.
Simultanément, Hollande a infléchi son discours. Certes, il continue à prétendre qu’al-Assad ne fait pas partie de la solution mais il a proposé de reprendre un plan de transition intégrant des dignitaires du régime.
Ainsi, le refus que les forces révolutionnaires syriennes puissent se procurer les moyens de se défendre, et les bombardements américains ou français contre Daesh, confortent politiquement al-Assad...et ont ouvert la voie à l’opération actuelle de Poutine. Poutine a donc pu considérer qu’il avait la possibilité de s’engager davantage en soutien au dictateur syrien. Maintenant, dans le ciel syrien, les avions français et américains doivent s’entendre avec l’armée de Bachar al-Assad et avec l’armée russe pour circuler dans l’espace syrien !
Beaucoup évoquent des considérations « géopolitiques », des intérêts divergents entre grandes puissances impérialistes, la volonté de préserver des zones d’influence…tout cela est réel, et ces rivalités peuvent prendre un caractère conflictuel. Mais tout cela ne constitue qu’une facette de la réalité. Car, à l’échelle internationale, les activités économiques sont si imbriquées que les dirigeants des groupes industriels et financiers préfèrent une coopération entre grandes puissances (Russie incluse) qu’un affrontement ouvert. Les patrons allemands, français et américains tiennent notamment à pouvoir préserver leurs « affaires » en Russie de même que la Russie a besoin de pouvoir exporter ses matières premières. Et Hollande et Merkel, comme Obama ou Poutine, sont d’abord à l’écoute de leur bourgeoisie respective.
Plus encore : quel que soit l’antagonisme latent entre les grandes puissances, un intérêt majeur les soude ; la peur de la mobilisation révolutionnaire des masses. Tous ces gouvernements sont hantés par la crainte d’irruptions révolutionnaires imprévues, comme ce fut notamment le cas en Tunisie puis en Egypte, en Libye et en Syrie, mais aussi le cas en Ukraine et, il y a quelques jours, au Burkina Fasso. Et pour briser les révolutions arabes ou pour cadenasser le peuple ukrainien qui a osé chasser le dictateur Ianoukovitch, les puissances dominantes se partagent le travail et organisent la contre-révolution.
Dans ces conditions, ce serait une erreur tragique d’avoir la moindre illusion vis à vis du gouvernement français et de ses discours « compassionnels » pour le peuple syrien : face à l’intervention de Poutine en Syrie, il n’y a rien à attendre de Hollande pas plus que d’Obama.
Il y a par contre à organiser la mobilisation des organisations ouvrières (partis et syndicats) et démocratiques en soutien aux insurgés syriens, contre l’intervention militaire de Poutine, contre toutes les interventions impérialistes, et pour que leur soit fourni tout ce qui est nécessaire à leur défense.
Assez de manœuvres internationales sur le dos du peuple syrien !
Ni Bachar, ni Poutine, ni Daesh.
Non aux bombardements décidés par les gouvernements américains et français : c’est au peuple syrien de décider de son propre avenir et de définir l’aide dont il a besoin