Pour le RETRAIT du projet de loi sur les retraites et de toutes les « contre-réformes » : affronter Sarkozy et lui infliger une défaite politique
L’ampleur des manifestations du 4 septembre contre les expulsions et contre l’ensemble de la politique sécuritaire de Sarkozy le montre une fois encore : les travailleurs et la jeunesse veulent en finir avec cette politique et ce gouvernement déconsidéré par les « affaires ».
Alors que la crise du capitalisme se poursuit, et qu’un certain nombre d’États sont au bord de la faillite, le gouvernement de Sarkozy doit amplifier son offensive contre les salariés. Il a décidé de faire passer au pas de charge sa contre-réforme des retraites : la procédure d’urgence réduit à une semaine la discussion et le vote à l’Assemblée (du 7 au 15 septembre).
Ce projet de loi est une attaque sans précédent contre l’ensemble des travailleurs du privé et du public. Il est la pointe avancée d’une série d’attaques dans tous les domaines, en particulier pour démanteler l’Enseignement public, les hôpitaux publics et la Sécurité sociale, pour faire baisser les salaires et pour renforcer le caractère policier de la Ve République. Et ce, afin de préserver les profits des Bettencourt et de leurs semblables.
Sarkozy justifie son offensive en expliquant qu’il faudrait payer les énormes dettes accumulées. Or, ces dettes sont le produit des plans de « sauvetage » des banques et des cadeaux faits au patronat : les exonérations de cotisations sociales organisent le vol d’une fraction du salaire et le déficit des caisses…
Pour les salariés, la défense des retraites implique :
– le refus de l’allongement de la durée de cotisation, le maintien du droit au départ à la retraite à 60 ans à taux plein ;
– le maintien du code des pensions et des régimes spéciaux ;
– l’abrogation des textes Rocard-Balladur-Fillon, c’est à dire le retour aux 37,5 annuités et, dans le privé, le retour au calcul de la retraite sur la base des 10 meilleures années ;
– la défense du système de retraite par répartition du salaire indirect mutualisé.
Quant au financement, il passe par la suppression des multiples exonérations patronales, le versement de tous les arriérés de cotisations et le paiement par l’État de ses dettes à la Sécurité Sociale.
Si cela ne suffit pas : augmentation des cotisations patronales (et non la taxation des profits, lesquels sont aléatoires) ; la hausse des salaires génère immédiatement une hausse des cotisations sociales. Les cotisations sociales qui financent les retraites sont une fraction du salaire des actifs, mutualisée.
Certaines directions syndicales (FO, SUD...) se prononcent à juste titre pour le retrait pur et simple du projet de Sarkozy. Mais FO demande une autre réforme. C’est contradictoire. De même la direction de la FSU qui dit « agir pour le retrait du projet de loi » vient d’adresser une « nouvelle note aux parlementaires » car « elle entend contribuer au débat ».
D’autres, comme la CGT et la CFDT, refusent d’exiger son retrait, et veulent négocier à nouveau. Chérèque fait quatre propositions qui sont autant de pièges (telle la discussion sur la pénibilité).
Prétendre négocier cette réforme ne peut qu’inciter Sarkozy à persévérer. « Je ne reculerai pas », dit-il. Pour que la mobilisation le fasse reculer, il faut commencer par fixer un objectif clair (retrait !) et cesser toute négociation. Il n’y a rien à attendre de Sarkozy et de son gouvernement
On sait bien que quelques journées de 24 heures n’y suffiront pas. On sait bien que les propositions d’un référendum d’initiative populaire ne mènent à rien, on l’a bien vu lors du référendum sur la Poste.
Certes, la grève générale ne se décrète pas. Mais il est possible et nécessaire d’en créer les conditions et de la préparer (comme ce fut le cas en Guadeloupe au printemps 2009).
La première condition est l’unité. Mais l’unité sur des bases claires. En 2006, pour imposer le retrait du CPE, il y eut un seul mot d’ordre : retrait. Et personne n’osa aller négocier ave le gouvernement. Ce fut un puisant encouragement à la lutte, qui se termina par une victoire.
Ce sont de telles assemblées générales qui peuvent contrecarrer les tentatives de division et de discussions avec le gouvernement. Ce sont de telles AG qui peuvent par exemple décider : « interdisons à cette Assemblée nationale croupion, minoritaire dans le pays de voter » ; « que le patronat et l’État paient ce qu’ils doivent aux caisses de sécurité sociale ». Ce sont de telles AG qui peuvent exiger des directions syndicales qu’elles appellent immédiatement, à l’échelle nationale, à la grève générale et à la manifestation contre cette Assemblée.
Il y a urgence, car le gouvernement veut aller vite.
Assez de « concertations » ! Pas plus que le projet de loi sur les retraites, le projet de loi Besson « relatif à l’immigration, à l’intégration et à la nationalité », le projet de « loi d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure » d’Hortefeux, et tous les autres projets de ce gouvernement ne sont négociables, ou amendables.
Alors que tous les jours s’expriment la crise politique et la pourriture du régime, peut-on gagner en fixant l’objectif de « se faire entendre » de Sarkozy, en lui demandant de « changer de politique » ? Il faut lui infliger une défaite politique, en finir immédiatement avec lui par la mobilisation, par la grève générale. L’unité doit se réaliser sur cette perspective : ce n’est qu’en s’affrontant au pouvoir que l’on pourra gagner.
Pourquoi les partis issus du mouvement ouvrier et qui disent s’opposer à cette politique réactionnaire ne déclarent-ils pas qu’ils sont prêts à constituer immédiatement (ou à soutenir) un gouvernement de leurs seules organisations sans représentant de parti bourgeois ?
Au-delà : il est vain de croire que le capitalisme en crise serait compatible avec la préservation des retraites et des acquis sociaux. C’est dans la perspective d’en finir avec le capitalisme que doit être mené le combat pour défendre les acquis arrachés dans le passé.