Six ans bientôt, Macron, ça suffit !
Le 19 janvier, à l’appel de l’ensemble des organisations syndicales, près de 2 millions de personnes se sont mobilisées, contre le projet de loi de réforme des retraites. Le 31 janvier, elles étaient plus de 2,5 millions.
Alors que Macron et Borne veulent imposer ce projet réactionnaire dans les semaines qui viennent, ce que l’ampleur de cette mobilisation exprime pour l’ensemble du salariat, c’est une exigence claire : « retrait pur et simple du projet ! », cette réforme n’est ni amendable ni négociable !
La force de la mobilisation pousse à l’unité syndicale
Le gouvernement veut faire notamment avaliser l’âge de départ à la retraite à 64 ans au lieu de 62 ans, une accélération de la précédente réforme Touraine (43 années de cotisation au lieu de 42 dès 2027 au lieu de 2035), la liquidation de plusieurs régimes spéciaux (dont ceux de la RATP et des industries électriques et gazières) …
Il escomptait fissurer le front syndical en mettant sur la table quelques broutilles à discuter pour que passe son projet. Peine perdue jusqu’à aujourd’hui : l’ampleur de la mobilisation a contraint (au moins pour l’instant) l’ensemble des directions syndicales à préserver l’unité pour que soit retiré le projet.
Le gouvernement, néanmoins, ne désespère pas : il avait bien obtenu, durant les mois précédant l’annonce de ce projet, que les directions syndicales, toutes ces directions, acceptent de discuter d’un projet dont chacun savait qu’il serait inacceptable ; pourquoi n’arriverait-il pas de nouveau à obtenir qu’une partie au moins de ces directions syndicales reprennent les discussions ? Pour cela, il compte sur la fatigue des manifestants et grévistes. Et les journées d’action à saute moutons peuvent user la mobilisation, comme cela arriva déjà dans le passé.
Une mobilisation très politique
Mais il y a un autre ciment qui unit la population laborieuse, hommes ou femmes, vieux ou jeunes, retraités ou étudiants, chômeurs ou actifs : c’est le rejet profond de toute la politique conduite depuis 2017 par Macron. En presque 6 années, on ne compte plus les lois anti sociales, les discours sans fin et les phrases assassines… sans compter les coups de matraque contre les manifestants. Les « années Macron », c’est l’austérité pour les pauvres, la répression des Gilets jaunes, la destruction du système de santé… et le confinement obligatoire quand survint le Covid 19 submergeant un système hospitalier dont on savait qu’il menaçait de s’effondrer. Les « années Macron », c’est aussi la politique menée contre les exilés…
On pourrait multiplier les exemples. Mais chacun sait que, tant que Macron sera au pouvoir, ce seront de nouvelles attaques. Déjà le gouvernement annonce une loi Darmanin contre les migrants, une loi visant le RSA, un projet de rendre obligatoire pour la jeunesse le Service national universel (SNU), de nouvelles mesures contre l’école et contre le statut des enseignants, etc.
Or les directions syndicales poursuivent les concertations, le dialogue social avec le gouvernement sur ces projets, ce qui n’est pas acceptable.
Briser le projet de réforme des retraites serait à l’évidence un point d’appui pour interdire tous ces projets. Cela implique de rompre le dialogue social et de donner toute sa dimension politique au combat pour le retrait du projet Macron contre les retraites.
Cette conscience aigüe que c’est avec ce pouvoir présidentiel, avec ce gouvernement qu’il faut en finir, s’est largement exprimée dans les manifestations, dans les slogans et sur les pancartes. Les manifestants ont ainsi pris le contre-pied de Laurent Berger qui affirme que « notre mobilisation n’est pas politique (…). La CFDT est dans un combat social, pas politique » et qui explique en même temps : « on dialogue beaucoup avec les parlementaires ces temps-ci (…) ça fait partie de notre travail syndical. » (Le Monde du 29 janvier).
À l’inverse de Laurent Berger qui recherche le dialogue avec le gouvernement et son parlement croupion, les salariés veulent en finir avec cette politique.
Nécessité d’une alternative politique à Macron et son gouvernement
Mais pour une autre politique, il faut un autre gouvernement, un gouvernement des travailleurs. Encore faudrait-il que sur cette perspective se forme au moins une alternative, un front unique d’organisations d’origine ouvrière doté d’un programme qui fasse siennes les revendications de la jeunesse, des travailleuses et des travailleurs.
Pour l’instant, il n’y a qu’une très superficielle unité entre ce qui reste de partis dits « de gauche », tandis que les conflits se multiplient à l’intérieur de ces forces politiques : le Parti socialiste se déchire entre ceux qui refusent l’alliance avec la NUPES et ceux qui la revendiquent, la France Insoumise est fragmentée, le PCF fait souvent bande à part… sans parler du NPA qui vient d’éclater en deux. Dans le même temps, les élus de ces partis multiplient les amendements au projet gouvernemental, dont certains sont adoptés… Or l’objectif des travailleurs, ce n’est pas l’amendement du projet, c’est son retrait.
Mais que ce soit avec ces organisations issues d’un passé lointain ou plus récent, ou en construisant de nouvelle (s) organisation (s), c’est en menant le combat pour constituer une véritable alternative politique, une alternative ouvrière unie face à Macron, que pourra se développer la mobilisation :
Bientôt 6 ans, Macron, ça suffit !
Sur cette base, une manifestation centrale à Paris (à l’Assemblée nationale) à l’appel de l’ensemble des organisations du mouvement ouvrier (syndicales et politiques), pour interdire le vote de ce projet, aurait un sens. Ce serait un point d’appui pour ouvrir une alternative politique.
Le 3 février 2023