Avec le gouvernement, ni « pacte » politique, ni dialogue social
Mars 2020 : Au lendemain du premier tour des élections municipales dont il avait autorisé la tenue, Macron s’adressait aux Français après avoir décidé la fermeture des crèches, des écoles, des collèges, des lycées, des universités. De même que « les restaurants, tous les commerces non-essentiels à la vie de la Nation » venaient de clore leurs portes et les rassemblements de plus de 100 personnes étaient interdits.
Déclarant « Nous sommes en guerre », Macron annonçait l’état d’exception, instauré par décret, et légalisé par la loi d’état d’urgence sanitaire le 23 mars 2020. Depuis un an, cette loi prorogée plusieurs fois instaure un état d’exception donnant à l’exécutif des pouvoirs exorbitants. Avec le confinement, le couvre feu, la population est assignée à résidence : rester chez soi devient la règle, la liberté d’aller et venir l’exception.
Le gouvernement multiplie les mesures destinées –explique-t-il – à protéger la population touchée par la circulation de la Covid 19. Confinements à géométrie variable, couvre feu, fermeture des salles de spectacle et des cafés-restaurants se combinent avec le recours au télé-travail.
Protéger la population ? Mais le gouvernement poursuit sa politique contre l’hôpital public, lequel est contraint à de nouvelles mesures d’économies : nouvelles fermetures de lits, manque criant de personnel soignant faute de salaire décent. Et le ministre de la santé s’arroge le droit de décider à la place des médecins ce que ces derniers ont le droit ou non d’utiliser pour soigner les malades.
Constatons également que ces mesures coercitives dites « sanitaires » sont un excellent moyen pour entraver le droit de manifestation et de réunion, toute résistance à la politique du gouvernement. Macron peut donc poursuivre sa politique anti sociale, comme l’illustre la réforme de l’assurance chômage.
Dans ces conditions, on attendrait des directions syndicales et des partis tels que le PS ou le PCF qu’ils fassent entendre leur voix et ouvrent une perspective pour combattre cette politique. On en est loin.
Ainsi, Fabien Roussel, principal dirigeant du PCF, déclarait il y a peu (le 29 janvier sur Cnews) : « si le confinement est inéluctable, (…) le Président de la République, le gouvernement, doivent passer un pacte avec le peuple de France » « S’il y a un pacte…alors on peut présenter aux Français des mesures difficiles » sinon « la cocotte va bouillir ». « S’il faut faire accepter des décisions difficiles aux Français, essayons de parler tous d’une même voix…Je ne suis pas dans l’opposition…je suis là pour faire des propositions ».
Quant à Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, il propose le 31 janvier des « confinements territoriaux pour endiguer l’épidémie ». Ce parti réaffirme par ailleurs, dans un récent cahier programmatique (« un emploi pour tous ») « la nécessité d’un dialogue social exigeant et constant »..
Pourtant, sur ce plan, les dirigeants syndicaux ne sont pas en manque : les concertations se poursuivent sur tous les plans avec le gouvernement, avec chaque ministre : autant de dialogue social destiné à cautionner les plans gouvernementaux et à désarmer toute mobilisation.
Cette politique de dialogue et de pacte avec le gouvernement a un corolaire : le refus de dégager une alternative - fût-elle électorale - au gouvernement Macron. Les différents partis d’origine ouvrière optant à l’étape actuelle pour une politique de division des candidatures.
À l’inverse, dégager une issue politique implique de réaliser l’unité des organisations d’origine ouvrière, laquelle ne peut se faire que sur un programme de rupture avec le capitalisme et ses partisans.
Aujourd’hui, un élément majeur d’un tel programme est l’exigence que soit abrogé l’état d’urgence et les mesures anti-démocratiques qui en découlent. Et le combat uni, immédiat, pour une telle abrogation.
Dans la situation présente, la réalisation d’une telle issue dépend grandement d’un surgissement de la mobilisation des masses.
Paris Le 14 mars 2021