Une activité syndicale incontestable, pour la victoire contre l’agression russe, et contre la politique anti sociale du gouvernement Zelenski
Depuis février 2022, une réelle politique de solidarité a été organisée par les organisations syndicales françaises au profit des travailleurs ukrainiens, via les syndicats ukrainiens.
C’est ainsi que des convois humanitaires ont été organisés par une intersyndicale française d’une part, et par le Réseau intersyndical de solidarité et de luttes (RSISL) d’autre part.
C’est ainsi que, le 20 juin 2023 à la Bourse du Travail de Paris, a été organisé un meeting de solidarité par une intersyndicale réunissant 8 syndicats : CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, FSU, UNSA et Solidaires.
C’est au cours de ce meeting que les représentants des deux principales centrales syndicales ukrainiennes, la FPU et la KVPU, ont exposé la situation à laquelle sont confrontés les travailleurs ukrainiens.
Le droit du travail en Ukraine apparait clairement comme une victime collatérale de la guerre.
Alors que nombre de syndiqués sont déployés sur le front, la guerre a relégué au second plan l’activité syndicale. Pour autant, une avalanche de textes remettant en cause le Code du travail est venue aggraver la situation. Outre l’interdiction des grèves et manifestations depuis l’invasion russe, deux projets de lois sont particulièrement menaçants. Le premier autorise à augmenter le temps de travail jusqu’à 60 heures hebdomadaires, et le second permet de licencier en dix jours. Ces deux mesures seraient limitées au temps de la guerre. Le président Zelenski a aussi signé un texte en août 2022, qui autorise, y compris en temps de paix, à négocier des contrats de travail en dehors de toutes les garanties du Code du Travail et des conventions collectives.
Mykhailo Volynets, président de la Confédération des syndicats libres d’Ukraine – KVPU, résume la situation. « Aujourd’hui, les Ukrainiens sont obnubilés par la survie à cette guerre et la volonté de vaincre. Mais notre but de syndicalistes est de pouvoir expliquer aux gens qu’ils ont des droits à défendre malgré la guerre ».
Solidaires et le RSISL ont, de leur côté, organisé une série de réunion publique avec Yuri Samoilov, président du syndicat indépendant des mineurs et du secteur régional Kryvyi Rih de la KVPU. Celui-ci exprime la même opposition à la politique anti sociale du gouvernement Zelenski et du patronat, et indique que, dans certaines villes, il y a pu avoir « le maintien des conventions par certains patrons qui payent le salaire moyen aux personnes mobilisées sur le front ».
Car, selon le droit ukrainien, « un travailleur mobilisé reste un salarié et peut continuer à être membre d’un syndicat ». Situation que Yuri Samoilov traduit en quelques mots : « Le syndicat considère les tranchées comme un lieu de travail », ce qui le conduit par exemple à veiller à ce que le travailleur mobilisé soit à l’abri du froid et de la faim. Ainsi, « les travailleurs partis au front doivent être considérés comme des mineurs en activité : il leur faut des vêtements de qualité » par exemple, meilleurs que ceux fournis par l’armée.
Cela conduit à envisager l’avenir de l’Ukraine du point de vue des travailleurs aujourd’hui en armes : « De très nombreux travailleurs ont déjà combattu et continueront à se battre au front. Ils demanderont tous après la guerre : pourquoi je ne bénéficie pas d’une bonne vie ? », précise Yuri.
Cette volonté de résister aux plans de la bourgeoisie s’affirme aussi dès aujourd’hui par la création des nouveaux syndicats, indépendants.
C’est le cas dans les hôpitaux, où des syndicats de base indépendants se sont constitués. Ce mouvement a été dénommé « Soyez comme Nina », en relation avec le nom de l’instigatrice de la première manifestation d’infirmières : Un mouvement spontané apparu en 2019.
Cette mobilisation est à mettre en relation avec une réforme de la santé appliquée depuis 2018, qui s’est traduite par des fermetures d’établissements médicaux.
Ce processus s’est poursuivi pendant la guerre. La situation des personnels s’est terriblement aggravée, d’autant plus que la gestion du secteur de la santé a été transférée aux autorités locales, lesquelles cumulent volonté de faire des économies et incompétence.
Ces nouveaux syndicats indépendants se multiplient et prennent en compte les revendications des salariés, ce que ne faisaient guère les grands syndicats officiels, dits « syndicats d’état ».
Le fait qu’un tel processus puisse s’exprimer en pleine guerre est un fait important et encourageant, et un tel mouvement, avec ses organisations doit être soutenu.
Image : Loi martiale et manifestation des infirmières : Le 27 juillet, la Verkhovna Rada [parlement] d’Ukraine a décidé de prolonger la loi martiale jusqu’au 15 novembre. Il s’agit déjà de la huitième prolongation de la loi martiale et de la mobilisation générale depuis le 24 février 2022.
Parmi les restrictions, la loi martiale instaure l’interdiction des rassemblements et manifestations de masse. En dépit de cette interdiction, en juillet, les infirmières de Sois comme Nina se sont rassemblées à Kyiv devant le ministère de la santé pour protester contre le non-paiement de leur salaire. Les personnels de santé ont manifesté dans les rues de Kryvyï Rih pour les mêmes raisons.