La question migratoire dans le discours d’Édouard Philippe
Dans son discours du 12 juin destiné à lancer « l’acte II du quinquennat », E. Philippe établit une corrélation étroite entre le succès électoral de « l’extrême droite » et « l’obsession du déclin et de la peur de l’autre ».
Sous couvert de combattre cette extrême droite, il s’agit donc pour le gouvernement de « répondre à un certain nombre de peurs » attribuées à cet électorat. En clair : de mettre en œuvre la politique prônée par Marine Le Pen.
Cela passe par l’amalgame désormais classique entre délinquance, trafic de drogues, terrorisme, islamisme … et immigration. L’objectif est ainsi de « garantir l’ordre public (…), combattre le trafic de stupéfiants qui gangrène des pans entiers de notre territoire (…) maintenir une vigilance de tous les instants contre la menace terroriste. (…).
C’est poursuivre l’expulsion systématique des ressortissants étrangers en situation irrégulière qui figurent au FSPRT, le fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste ».
Puis, après avoir évoqué la Syrie et le Mali, il indique : « c’est avoir le courage d’affronter sans fausse pudeur certaines réalités, notamment concernant la pression migratoire.
Cette réalité, c’est un nombre de demandeurs d’asile qui a baissé de 10% en Europe l’année dernière, mais qui continue d’augmenter en France de 22% ». Il faut donc « maîtriser ces flux migratoires ».
Il s’agit, pour Philippe, d’agir au niveau européen en réformant Schengen, et d’agir au niveau national : « Le droit d’asile est un trésor (sic !). (…) c’est aussi pour cette raison que nous devons lutter avec fermeté contre les abus (….) nous devons nous assurer que les demandeurs d’asile choisissent la France pour son histoire, pour ses valeurs, pour sa langue, et non parce que notre système serait plus favorable que celui d’autres pays européens.
Ces questions sont difficiles. (…) C’est pourquoi le Gouvernement organisera chaque année un débat au Parlement sur les orientations de la politique d’immigration et d’asile. Le premier aura lieu au mois de septembre.
Combattre les peurs, c’est lutter contre l’islamisme et faire vivre la laïcité. (…) réformer l’organisation du culte musulman (…), mettre fin de manière progressive au système où beaucoup d’imams ou psalmodieurs sont choisis et rémunérés par des États étrangers. »
Ce dernier projet est un vieux gag puisque ces États sont en général des « amis » ou des clients de l’impérialisme français, lesquels contrôlent ainsi leurs ouailles résidant en France.
Plus sérieuse est la volonté de réduire encore le droit à la libre circulation. Ainsi, le 16 juin, C. Castaner relance l’idée de quotas de migrants : cette question « pourrait être posée » lors du débat au Parlement.
C’est donc avec cette politique hostile aux migrants que Macron prétend faire reculer électoralement le Rassemblement national de Le Pen… alors qu’il ne fera que conforter sa xénophobie.