Catalogne : pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes
Durant les dernières semaines, la situation en Catalogne a connu d’importants développements, notamment la tenue, le 1e octobre, d’un référendum sur la question de l’indépendance, référendum organisé par le gouvernement indépendantiste catalan, ainsi que la contre offensive frontale du pouvoir de Madrid s’appuyant sur l’appareil d’État hérité du franquisme et sur une constitution ayant institué une monarchie. La situation a aussi été marquée par la grève générale du 3 octobre contre la répression policière, puis par des manifestations pour l’unité de l’Espagne impulsées par le pouvoir central. Dans les jours à venir, cette question de la Catalogne connaîtra de nouveaux développements, qui toucheront l’ensemble de l’Espagne et de ses partis.
Indiquons que cette question de l’indépendance fait l’objet de nombreux ébats parmi les militants en Espagne. En catalogne même, la revendication de l’indépendance ne fait pas l’unanimité : si il y a accord général, bien sûr, contre la répression et contre l’État post-franquiste, il y a débat sur les moyens pour que soit satisfaite l’aspiration démocratique du peuple catalan : on peut revendiquer le « droit » à l’indépendance sans pour autant être favorable à une déclaration d’indépendance qui soulève d’autres questions : une telle indépendance est-elle possible pour la Catalogne seule, sans un combat unis de tous les travailleurs d’Espagne, des peuples d’Espagne pour en finir avec les institutions post-franquistes et monarchistes, pour la République ? N’impose-t-il pas de reprendre le mot d’ordre de « Fédération des républiques libres d’Espagne » ? Peut-on s’imaginer que l’actuel gouvernement nationaliste et bourgeois de Catalogne puisse mener jusqu’au bout le combat pour l’indépendance, et, si oui, au profit de quelle classe si ce n’est la bourgeoisie catalane ?
Dans l’immédiat, nous publions ci-dessous une déclaration du 2 octobre 2017, du Réseau syndical international de solidarité et de luttes.
Depuis des semaines, l’État espagnol use de menaces et de répression en Catalogne. Interventions de la guardia civil dans nombre de bâtiments officiels de la Generalitat de Catalunya, arrestations de responsables de l’administration et de ministres, harcèlement, violence et emprisonnement de militants et militantes de divers mouvements sociaux et politiques, lieux de vote pris d’assaut et interdits à la population, urnes volées, tirs sur des manifestants et manifestantes pacifiques, …
Les évènements actuels montrent à quel point le spectre du franquisme est encore présent. Comment nommer le régime d’un pays où les « forces de l’ordre » tirent sur les gens parce que ceux-ci veulent voter ?
Indépendance ou non ?
C’est à la population qui vit en Catalogne de décider ! Pas à d’autres.
Les forces d’occupation de l’État espagnol doivent se retirer.
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Depuis la mort du dictateur Franco, la société espagnole repose sur un pacte, conclu entre diverses forces politiques et syndicales. Il vise à maintenir, d’une part la monarchie, d’autre part « l’unité indissoluble de la Nation espagnole, patrie commune et indivisible » (Constitution de 1978). Cela passe notamment par « l’oubli » des crimes perpétrés par les franquistes durant 40 ans. Cette situation a permis le recyclage de biens des responsables de l’ancien régime dans les rouages du pouvoir issu de ce qu’ils appelèrent « la transition démocratique ». Cette stabilité entre dictature et « démocratie », était aussi nécessaire pour garantir le système capitaliste, en améliorer l’efficacité du point de vue du patronat et des banquiers. Ce qui se passe actuellement en Catalogne remet en cause cette situation ; c’est un danger pour le pouvoir et ses alliés, comme l’ont été ou le sont les luttes du peuple basque ou celles des travailleurs et travailleuses dans tout l’État.
Nous sommes aux côtés des travailleurs et travailleuses de Catalogne. Nous soutenons l’appel à une grève interprofessionnelle à partir du 3 octobre, lancée par plusieurs organisations syndicales en Catalogne (CGT, IAC, Intersindical-CSC, COS, COBAS, CNT, SO…). Nos droits, notre avenir, la démocratie, c’est par notre action directe que nous les défendons !
Pour les libertés et la démocratie
Pour le droit à l’autodétermination des peuples
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NOTE : Le Réseau syndical international de solidarité et de luttes a été constitué au printemps 2012 lors d’une rencontre qui s’est tenue à San Paolo. Il est animé en particulier par la CSP-Conlutas (Central Sindical e Popular Conlutas) du Brésil, par Solidaires en France (Union syndicale Solidaires) et, dans l’État espagnol, par la CGT (Confederación General del Trabajo).
En sont membre plus de 75 organisations syndicales et tendances syndicales. Par exemple : la Confédération Générale du Travail du Burkina (CGT-B) ; Batay Ouvriye (Haïti) ; Unione Sindacale Italiana (USI) ; National Union of Rail, Maritime and Transport Workers (RMT/TUC) - Grande-Bretagne ; Intersindical Alternativa de Catalunya (IAC) en Catalogne. etc
En France, Émancipation tendance intersyndicale (Émancipation) est membre du Réseau depuis 2012.