, Bulletin n°28
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Syrie

Du siège à la chute d’Alep : quelques points de repères

Le premier siège des quartiers est de la ville d’Alep s’est mis en place fin juillet 2016. Il faisait suite à une progression des forces du régime et de ses alliés russes et iraniens notamment autour de la ville, en plusieurs étapes : intenses bombardements en février isolant les quartiers-est de la zone nord frontalière avec la Turquie, nouveau pilonnage en avril après un mois de "trêve partielle", et après un mois de mai de "régime de calme", nouvelle offensive amenant au siège.

L’opposition armée arrive alors à rompre le siège début août. Et il faudra un mois de bombardements intenses pour que le régime avec ses alliés imposent à nouveau un siège, début septembre.

Quelques jours plus tard, Kerry et Lavrov annoncent un "accord", amenant notamment à une trêve. Commencée, le 12 septembre, cette trêve s’achève au bout d’une semaine avec la reprise d’intenses bombardements des régimes russe et syrien sur la ville. Le 8 octobre, une résolution est présentée à l’ONU, à laquelle la Russie met son véto. Alors que les USA avaient annoncé une rupture des relations diplomatiques avec la Russie le 3 octobre, Kerry et Lavrov se rencontrent peu après le 15 octobre. Les bombardements sur Alep vont alors baisser en intensité ; et les quartiers-est connaissent un mois d’accalmie... le temps que les Etats-Unis organisent, dans ce calme relatif, l’élection du président. Ce sera Trump qui l’emporte le 9 novembre.

Les bombardements peuvent rependre : le 15 novembre 2016, Poutine annonce une opération d’envergure en Syrie. La veille, son aviation massacrait des civils à Alep tandis qu’une rencontre entre Washington et Moscou était annoncée.

Tandis que les structures médicales d’Alep-Est sont détruites par les aviations russes et syriennes et que nombre de massacres sont perpétrés, Kerry et Lavrov se rencontrent le 18 novembre, et De Mistura rend même visite à Damas au ministre des affaires étrangères du régime de Assad (le 20).

Le 24 novembre, alors que l’ASL soutenue par l’armée turque progressait dans le nord de la Syrie, en direction d’al-Bab, tenue par Daesh, l’armée d’Assad bombarde l’armée turque et tue trois de ses soldats. Les combats autour d’al-Bab sont stoppés et Assad se concentre sur Alep. Sissi vient d’annoncer son soutien à Assad. La première rencontre, datant d’une semaine, entre le Hezbollah et des officiers de l’armée russe vient d’être révélée.

Le 26, tandis que le ministre des affaires étrangères turc rencontre à Téhéran le président iranien, les premiers quartiers d’Alep-est cèdent sous les bombes et face au renfort de combattants iraniens et du Hezbollah. Les civils fuient à travers les quartiers nord tenus par le régime ou le YPG. Des violences corporelles sur les civils, des exécutions sommaires, la disparition de centaines d’hommes sont rapportées. Le 29, les forces d’Assad tirent sur une file de civils tenant de menus bagages et attendant de rejoindre les zones tenues par le régime.

Entre le 1er et le 11 décembre, alors que la progression des forces pro-régime est ralentie et les civils s’étant concentrés dans le restes des quartiers sud-est encore libres, dans des conditions catastrophiques, les réunions et rencontres se multiplient. Rencontre Turquie-Russie (le 1er) Turquie-Liban (le 2), Assemblée générale à l’ONU, Conseil de sécurité de l’ONU le 5 et nouveau véto russe à une résolution (le 6e véto en près de 6 ans), rencontre Kerry-Lavrov (le 7), rencontres internationales à Paris le 8 et le 11, rencontre à Genève le 11.

Et le lundi 12, c’est un nouveau massacre, avec plus de 300 morts ce jour là dans toute la Syrie (plus de 200 à Alep). Le 13, un accord Russie-Turquie est trouvé, que le Hezbollah et l’Iran notamment obstrueront le mercredi et le vendredi. La déportation des habitants d’Alep a commencé. Elle se terminera peu avant Noël.

Le 16, Poutine annonce en parallèle la recherche d’un cessez-le-feu sur toute la Syrie et la reprise de pourparlers de paix, à Astana, courant janvier. Lundi 19 le Conseil de Sécurité de l’ONU vote une résolution pour le déploiement d’observateurs contrôlant la déportation des habitants d’Alep. Et de Mistura annonce la reprise de négociations inter-syriennes le 8 février à Genève. Le 20, la Russie, l’Iran et la Turquie sont réunis à Moscou. La volonté de trouver un accord élargissant le cessez-le-feu est affirmée. L’échec de l’action des USA et des négociations de Genève est constaté.

Le 29, la Russie et la Turquie annoncent un accord de cessez-le-feu en Syrie, impliquant du côté de l’opposition environ 60 000 combattants. Ce même jour les USA annoncent l’expulsion de 35 diplomates de son territoire, parmi d’autre mesures, visant à répliquer à l’interférence de la Russie dans la campagne des élections américaines. Le 31, le Conseil de Sécurité de l’ONU adopte une résolution qui soutient simplement l’initiative russo-turque. La Russie qui semblait vouloir évacuer des négociations les USA et l’ONU a dû faire machine arrière. Les négociations d’Astana ne seront finalement qu’une étape avant la reprise des négociations à Genève. Pendant ce temps les exactions en Syrie se poursuivent, à Wadi Barada notamment.

 
 
Mis à jour le
23
mars
2023