2 octobre à Paris : « Poutine n’est pas le bienvenu »
Fin septembre, on apprenait que Poutine allait être reçu par François Hollande.
Aussitôt, une poignée de militants russes, ukrainiens et syriens prenait l’initiative d’un texte appelant à rassemblement pour protester contre la venue de Poutine. Un texte d’appel fut élaboré, et obtint le soutien d’une dizaine d’organisations (dont L’insurgé).
Voici l’appel :
Le 2 octobre le président russe Vladimir Poutine vient à Paris pour participer à un sommet portant sur le conflit en Ukraine. Il devrait également discuter de la Syrie avec le couple franco-allemand.
Cependant, le Kremlin emprisonne ses opposants politiques, fournit massivement des armes qui tuent des civils ukrainiens et syriens et envoie des militaires russes en Ukraine et en Syrie. De plus, la politique et les interventions du Kremlin contraignent, en Syrie et en Ukraine, des millions de personnes à fuir leur maison. Dans ces deux pays, Poutine mène la même politique : empêcher un peuple de décider librement de son avenir.
Après 4 ans de soutien militaire de Poutine à Bachar, la situation en Syrie n’a fait qu’empirer (plus de 250 000 morts, et l’armée de Bachar, soutenue notamment par Poutine, est responsable de la mort de plus de 95 % des civils tués). Et toute intervention, qu’elle soit ou non avec l’appui de la France, ne permet pas d’en finir avec Daech.
Si le gouvernement français défendait vraiment les libertés démocratiques il faudrait qu’il commence par exiger la fin de tous les massacres et des meurtres, la libération des prisonniers politiques (en Syrie -plus de 215 000, mais aussi en Russie -plus de 200), et la fin des agressions militaires.
Ni Poutine ! Ni Bachar !
Ils sont la cause et non pas la solution des problèmes.
Rassemblement le 2 Octobre 2015
à 18 h à côté de l’Assemblée Nationale
à l’angle de la rue de l’Université et de la rue Constantine
à l’initiative de militants syriens, ukrainiens et russes
initiative soutenue par : Alternative Libertaire, Assemblée Européenne des Citoyens, Cedetim (réseau IPAM), Collectif Urgence Solidarité Syrie, Émancipation, Ensemble ! (membre du Front de Gauche), L’insurgé, Naskon, Ukraine Action, Union syndicale Solidaires.
Notons que des réticences s’exprimèrent vis-à-vis d’un texte trop « politique » pour certains tandis qu’à l’inverse, d’autres jugèrent ce texte trop peu critique à l’égard du gouvernement français. Pourtant, il n’appartenait pas à ces militants ukrainiens, russes et syriens de porter le combat contre la politique française : ils ont déjà assez à faire avec leurs gouvernements et dictateurs respectifs ! Critiquer la politique française, cela relève d’abord de la responsabilité des organisations françaises. Et néanmoins, le dernier paragraphe du texte, et l’exigence qu’il n’y ait aucune collaboration avec les dictateurs, visaient bien le gouvernement français.
Mais l’important en l’affaire, c’est qu’une action unie soit organisée par des militants issus de pays différents. C’est là aussi une expression de l’internationalisme. Sur cette base, le rassemblement qui se tint le 2 octobre, mêlant Russes, Syriens et Ukrainiens avec les mêmes mots d’ordre, puis entonnant chants ukrainiens et russes, fut particulièrement dynamique et chaleureux.
À l’occasion de cette réception de Poutine à Paris, L’insurgé publia un tract titré : Tous les réfugiés sont les bienvenus ! Mais Poutine n’est pas le bienvenu !, tract rappelant la politique criminelle de Poutine en Syrie, en Ukraine et en Russie, mais rappelant aussi celle de Hollande en ces termes :
« Pour ce qui concerne la politique de Hollande, il n’y a strictement rien à en attendre. Son discours à l’ONU visant Bachar al-Assad ne peut faire illusion : Hollande affirme que toute solution en Syrie "passe nécessairement par le départ de Bachar Al-Assad", et qu’"on ne peut pas faire travailler ensemble les victimes et le bourreau » ; mais Hollande propose en même temps un gouvernement "de transition" incluant "des membres du gouvernement" actuel "et de l’opposition", ce qui revient au même. Hollande veut rester dans le "jeu diplomatico-militaire" pour préserver dans le futur les intérêts de l’impérialisme français au Proche et Moyen-Orient. C’est pour défendre les mêmes intérêts que les gouvernements français successifs, celui de Hollande inclus, n’ont cessé d’organiser des expéditions militaires en Afrique.
Quant aux "préoccupations" de Hollande sur la question ukrainienne, ce sont les mêmes que celles de Merkel : l’un et l’autre veulent préserver les intérêts des banques et entreprises françaises (et allemandes) en Russie tout en confortant le gouvernement réactionnaire ukrainien de Porotchenko (lequel a pu récupérer le pouvoir après la révolution populaire de Maïdan, du fait notamment de la quasi absence d’organisations ouvrières en Ukraine).
Les organisations du mouvement ouvrier (partis et syndicats) ne peuvent donc, en aucun cas, soutenir un gouvernement (bourgeois) contre un autre. Leur responsabilité est de soutenir les peuples en lutte contre leur propre oppresseur et contre les interventions impérialistes (…) ».