La France à la Libération : les enjeux politiques
Extrait :
"Dès son retour, en France, fin novembre 1944, Maurice Thorez s’applique à convaincre son parti de cesser toute résistance. « Une seule justice ! Une seule armée ! Une seule police ! » Il invite les F.F.I. à une discipline rigoureuse aux ordres des états-majors et les ouvriers à rendre leurs armes.
Il l’explique nettement au comité central du P.C.F., en janvier 1945 :
« Sans discipline, pas d’armée. Pour faire régner la discipline la plus stricte, il convient de constituer une véritable armée nationale, d’en finir avec les formations séparées et parfois antagonistes, d’unifier vraiment de bas en haut et de haut en bas en assurant l’unité du commandement.
« Les Comités de la libération, locaux et départementaux, ne doivent pas se substituer aux administrations municipales et départementales. Pas plus que le C.N.R. ne s’est substitué au gouvernement. Le peuple a le droit et le devoir de faire entendre sa voix, mais c’est à l’autorité légale de procéder aux perquisitions, aux arrestations, aux jugements et à l’exécution des jugements. Quelques mots à ce propos sur l’organisation des milices patriotiques devenues les gardes civiques et républicaines. Ces groupes armés ont eu leur raison d’être avant et pendant l’insurrection contre l’occupant hitlérien et ses complices vichyssois. Mais la situation est maintenant différente. La sécurité publique doit être assumée par les forces régulières de police constituées à cet effet. Les gardes civiques et d’une façon générale tous les groupes armés irréguliers ne doivent pas être maintenus plus longtemps ». (a)
Non sans rechigner, non sans d’importants remous dans le P.C.F., les travailleurs suivent les consignes, dissolvent leurs milices et rendent leurs armes à la police.(…)
De Gaulle peut constater que Thorez a bien rempli son contrat et marquer sa satisfaction :
« Dès lors qu’au lieu de la révolution, les communistes prennent pour but la prépondérance dans un régime parlementaire, la société court moins de risques. Partout où je paraîtrai, leurs représentants seront là pour me rendre hommage. Quant à Thorez, tout en s’efforçant de faire avancer les affaires du communisme, il va rendre en plusieurs occasions service à l’intérêt public. Dès le lendemain de son retour en France, il aide à mettre fin aux dernières séquelles des milices patriotiques que certains, parmi les siens, s’obstinent à maintenir dans une nouvelle clandestinité. Dans la mesure où le lui permet la sombre et dure rigidité de son parti, il s’oppose aux tentatives d’empiètements des comités de Libération et aux actes de violence auxquels cherchent à se livrer des équipes surexcitées. A ceux, nombreux, des ouvriers, en particulier des mineurs, qui écoutent ses harangues, il ne cesse de donner comme consigne de travailler autant que possible et de produire coûte que coûte. Est-ce simplement par tactique politique ? Je n’ai pas à le démêler. Il suffit que la France soit servie. » (b)"
Extrait de : La Libération confisquée, par Yvan CRAIPEAU (Edition SAVELLI/SYROS 1978)
Maurice Thorez
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3 septembre 1939 : Thorez, secrétaire général du PCF, répond à l’ordre de mobilisation et rejoint son régiment. Un télégramme de l’Internationale communiste l’enjoint de venir à Moscou où il arrive le 8 novembre 1939. Il est dès lors considéré comme déserteur. Mais le 20 janvier 1944, il est reçu par la délégation de la France libre à Moscou. Il indique alors qu’il serait resté « à son poste de combat », en France, jusqu’en mai 1943 (le PCF maintiendra cette version jusqu’à la fin des années 60). Il demande à rejoindre Alger. De Gaulle répond que la condamnation de Thorez pour désertion garde force de loi.
31 août 1944 : installation du GPRF à Paris avec deux ministres PCF. Campagne du PCF exigeant le retour de Thorez (lequel envoie un télégramme à de Gaulle, le 17 octobre).
28 octobre : le conseil des ministres donne un avis favorable au retour de Thorez, ainsi que l’ordre de dissoudre les milices patriotiques.
6 novembre : quelques jours avant son voyage à Moscou, de Gaulle décide la grâce individuelle de Thorez.