Mars-avril : Manifestations à Moscou
Le dimanche 2 mars, une manifestation spontanée, convoquée par les réseaux sociaux, a lieu dès l’annonce faite par Poutine qu’il se préparait à intervenir en Ukraine. Dans cette manifestation d’un millier de personnes contre la guerre se trouvaient des militants de « l’opposition libérale », des trotskystes et des anarchistes. Il y eut 300 arrestations.
Pour votre et notre liberté
La manifestation a été organisée par l’opposition « libérale » (c’est dire bourgeoise), dont le Parti du Progrès d’Alexeï Navalny, et avec la présence visible de la « gauche radicale » comme le Mouvement socialiste de Russie et, les anarchistes…
Cette manifestation, la plus importante depuis les manifestations qui s’étaient dressées en 2012 contre le retour de Poutine au Kremlin, était aussi une manifestation contre le régime de Poutine.
Illustrative était la banderole de tête : « Pour votre et notre liberté ! », un mot d’ordre qui a une longue histoire et fut notamment utilisé pour protester contre l’invasion de la Tchécoslovaquie en 1968.
De même, à la fin de la manifestation, prirent la parole un militant venu de Kiev pour représenter Maïdan, ainsi que deux membres des Pussy Riot sorties de prison depuis trois mois, Nadya Tolokonnikova et Maria Alekhina, scandant au micro : « La Russie sans Poutine ! ». Il y eut aussi des actions analogues à Saint-Pétersbourg, à Ekaterinbourg et à Nijny-Novgorod.
Au même moment, à Moscou, deux « contre-manifestations » étaient organisées, par des orthodoxes et par l’extrême-droite, pour « une Crimée russe », réunissant au total 5000 personnes. Les véritables craintes du régime s’exprimèrent lorsque des orateurs affirmèrent : « Il n’y aura pas de Maïdan à Moscou ! ».
Cette « marche pour la vérité », était accompagnée de drapeaux bleus et jaunes de l’Ukraine mêlés à des drapeaux russes.
Le fait que ces manifestations soient à l’initiative de partis bourgeois, fussent-ils « démocratiques », traduit la faiblesse des groupes révolutionnaires en Russie, et l’inexistence du mouvement ouvrier. Mais elles ont un écho qui va au delà des partis organisateurs, même si elles touchent pour l’essentiel des couches urbaines cultivée, notamment des étudiants et certains secteurs de la petite bourgeoisie. Et elles sont un point d’appui pour de futures mobilisations contre le régime de Poutine, et contre le chauvinisme.
Ce cri avait été lancé aux insurgés Américains par Tadeusz Kosciuszko, un général polonais qui combattait à leurs côtés pendant la guerre d’Indépendance. Kosciuszko est aussi à l’origine de l’insurrection de 1794 en Pologne. Ce slogan a été repris en 1968 par quelques dissidents qui manifestaient sur la place rouge à Moscou, contre l’invasion de la Tchécoslovaquie par l’armée de l’URSS.