90 jours d’une révolution
Revenir sur la manière dont a jailli et s’est développée cette révolution permet d’en mesurer l’importance mais aussi d’en comprendre les limites : celle d’une révolution portée par les masses mais dans laquelle le prolétariat n’est que peu intervenu en tant qu’acteur organisé, en tant que « classe pour soi ».
Pour la guerre, toujours, c’est le peuple qui paie -
за войну всегда платит народ
Durant plus de vingt ans, les oligarques ukrainiens se partagèrent le contrôle de l’État, s’affrontant parfois durement pour ce contrôle nécessaire à leurs intérêts financiers.
Ainsi, le 21 novembre 2004, l’élection de Viktor Ianoukovitch, entachée de fraude, provoque la “révolution orange” soutenue par un autre clan. Finalement, c’est son adversaire qui devient président, tandis que Timochenko est premier ministre jusqu’à sa démission en septembre 2005.
En Février 2010, Ianoukovitch - très lié aux oligarques « pro-russes » - est enfin élu face à Timochenko. Celle-ci est condamnée à la prison, en octobre 2011, pour « abus de pouvoir » tandis que le clan Ianoukovitch au pouvoir organise le pillage en règle du pays, au point d’indisposer les oligarques qui le soutiennent.
C’est dans ce cadre que le gouvernement s’est engagé dans des négociations avec l’Union européenne, nombre d’oligarques étant soucieux de réduire les « pressions » exercées par le pouvoir oligarchique russe, et se montraient favorables aux « propositions » de l’Union européenne.
Les 28 et 29 novembre 2013 était prévu, à Vilnius, un sommet dit « du Partenariat oriental ». Ce sommet devait marquer un temps fort dans la politique visant à « arrimer » à l’Union européenne des pays issus de la dislocation de l’ex-URSS. Ces pays n’avaient pas nécessairement vocation à rejoindre l’Union européenne. Plus exactement : cette association était conçue par certains membres de l’UE comme une transition vers leur intégration, et pour d’autres membres comme… un moyen de ne jamais les intégrer.
Préparé de longue date, dès 2009, ce projet de « partenariat oriental » concernait à l’origine six pays. Mais l’Arménie et l’Azerbaïdjan s’étant retirés, et la Biélorussie dictatoriale étant trop peu « présentable », il restait la Moldavie, la Georgie et surtout l’Ukraine. Après deux ans de négociations, le sommet de Vilnus devait aboutir avec ces trois pays à un accord de libre échange, doublé d’un accord destiné à mettre aux normes de l’Union européenne quelques règles de « droit » et de lutte contre la corruption, afin de protéger les investissements des entreprises européennes…
Cet accord devait être le plus important accord de ce type jamais passé par l’Union européenne avec un proche voisin, l’Ukraine en étant l’enjeu essentiel.
Les obstacles étaient nombreux. Ainsi pèsent les liens économiques étroits entre la Russie et l’Ukraine. Pèse de même la volonté de Poutine de conserver son emprise sur l’Ukraine, celle-ci étant une pièce décisive de son projet de construire une « communauté des États indépendants » autour de la Russie (c’est à dire la majorité des États issus de l’ancienne URSS).
Autre difficulté : les conditions fixées par l’Union européenne, en particulier par le gouvernement Allemand, pour cet accord et pour toute forme de « soutien » financier. Le 18 novembre, Merkel avait rappelé ses exigences de « réformes » : ces mesures « doivent être prises de toute façon ».
Compte tenu aussi des intérêts divergents des oligarques ukrainiens, tout le monde se doutait bien que ce ne serait pas simple.
Mais quand, le 21 novembre, le gouvernement ukrainien suspendit par décret les négociations avec l’Union européenne, ce fut la douche glacée. Chacun comprenait, à Berlin et à Varsovie en particulier, que cette « suspension » signifiait, pour une longue période, la fin du rapprochement avec l’Ukraine, et avec ses richesses.
Il est vrai que, la veille, le premier ministre ukrainien était revenu d’un autre « sommet » tenu avec la Russie et quelques alliés, et que depuis des mois, le gouvernement russe avait multiplié les menaces (et les promesses) en jouant en particulier sur le prix du gaz livré à l’Ukraine.
Il est vrai aussi que, le 9 novembre, pour la troisième fois en trois semaines, le président ukrainien avait rendu visite à Poutine, lequel avait mis sur la table une promesse alléchante : une aide de 15 milliard de dollars pour financer la dette de l’Ukraine, et une baisse majeure du prix du gaz : 268 dollars au lieu de 400 pour 1000 mètres cubes de gaz.
Comment résister ?
On était là dans le registre « classique » des rivalités entre impérialismes, c’est à dire entre brigands de grand chemin. Et l’échec du sommet de Vilnius était un échec sérieux pour les impérialismes de l’Union européenne.
Certes, l’Union européenne avait des relais politiques en Ukraine, avec les partis de l’opposition officielle, mais cette « opposition » n’avait strictement aucun moyen de renverser la situation. Tout au plus pouvait elle organiser quelques protestations.
Et, sauf à imaginer un développement révolutionnaire que personne ne prévoyait, ni ne souhaitait, la partie semblait perdue.
C’est sur cette question de l’Union européenne que le mouvement s’est engagé.
Le 21 novembre, le président Viktor Ianoukovitch annonce donc qu’il ne signera pas l’accord avec l’Union européenne. Aussitôt des manifestants se rassemblent en différents lieux de Kiev, notamment sur Maïdan, pour protester contre cette volte face et réclamer la signature de l’accord.
Le dimanche 24, ils sont des dizaines de milliers, 100 000 peut être, à manifester à Kiev et dans différentes villes. Ces manifestants commencent à occuper, en se relayant, la place de l’indépendance (Maïdan Nézalejnosti), là où avait commencé la « révolution orange » en 2004. Mais cette fois l’opposition parlementaire n’en est pas à l’initiative.
Ces manifestants, souvent issus de la petite bourgeoise, aspirent à se rapprocher de l’UE, avec sans doute de grandes illusions. Le terme d’Euro-Maïdan alors utilisé est donc justifié.
Le 29 novembre, lors du sommet convoqué par l’Union européenne à Vilnius, le président ukrainien confirme sa décision. Seules la Moldavie et la Georgie signent le traité comme prévu. Ce qui devait être un « accord historique » est dès lors perçu par certains, telle la Pologne, comme un grave échec de l’UE, tandis que d’autres, dont la France, s’en satisfont discrètement.
Ce même vendredi 29, en soirée, des milliers d’Ukrainiens se retrouvent place de l’Indépendance à Kiev. Mais à l’aube, ces manifestants qui occupent calmement Maïdan, essentiellement des étudiants, sont chassés avec violence par les « Berkout », la police anti-émeute. Il y a de nombreux blessés. La protestation est générale. Des appels à manifester le dimanche suivant sont diffusés.
La question centrale n’est plus le traité d’association avec l’UE, mais le caractère corrompu et répressif du pouvoir. Un mot d’ordre fédère cette mobilisation : l’exigence de la démission du président. Cette exigence se double du rejet de l’union proposée par Poutine, union qui asservirait l’Ukraine à la Russie et à son régime autoritaire. L’aspiration à une Ukraine indépendante, le refus d’une tutelle russe, se conjugue ainsi avec la mobilisation contre le régime ukrainien corrompu.
En toile de fond, il y la question sociale, même si Maïdan ne met pas en avant de claires revendications sociales.
C’est donc une nouvelle mobilisation qui surgit, avec le mot d’ordre de « Révolution ! ».
Ce mouvement s’affirme, se développe et de cristallise de manière autonome. Les manifestants s’installent de nouveau avec des tentes sur la place centrale de Kiev et dressent des barricades. Des attaques très violentes de la police provoquent des blessés par dizaines, tandis que les manifestants prennent le contrôle de la mairie de Kiev et bloquent l’accès à différents bâtiments officiels.
C’est dans ce combat contre ce gouvernement et pour sa chute que le mouvement prend le caractère d’un mouvement révolutionnaire.
Le mardi 3, les partis d’opposition déposent en vain une motion de défiance à l’Assemblée : les principaux oligarques et le parti communiste refusent de s’y rallier. Le même jour, 20 à 30 000 manifestants se retrouvent à Maidan.
Le 8 décembre, les manifestants sont 800 000, voire un million, un nombre sans précédent.
C’est dans ce cadre que s’insèrent les « néo -fascistes » dont le parti Svoboda, ultra-nationaliste. Ils sont nettement minoritaires mais jouent un rôle voyant dans le combat contre la police.
Les partis pro européens de l’opposition officielle sont, quant à eux, à la remorque du mouvement. Deux de leurs dirigeants - Vitali Klitchko et Arseni Iatseniouk - avec le renfort d’Oleg Tiagnibok pour Svoboda, tentent de s’affirmer comme porte paroles du mouvement, avec le soutien de Washington et de Berlin. Mais, souvent déconsidérés, ils ne contrôlent pas grand-chose.
Dans la nuit de mardi 10 à mercredi 11, la police reprend les barricades et démonte les campements. Le matin, la place se remplit de nouveaux manifestants. Et, le 15 décembre, ils sont de nouveau 200 à 300 000 à manifester à Kiev.
Puis le mouvement s’enracine et rebondit face à la répression. C’est le cas après le 25 décembre, quand une journaliste, Tetiana Tchornovol, est agressée par des « inconnus », ce qui provoque un tollé dans le pays ; c’est encore le cas le 12 janvier, quand 50 000 manifestants se rassemblent à la suite du passage à tabac d’un ancien ministre de l’intérieur rallié aux manifestants.
En même temps, le mouvement semble piétiner faute de perspective politique. Et l’opposition officielle préfère attendre les élections prévues en 2015.
De son côté, Viktor Ianoukovytch a obtenu une aide substantielle de Poutine : le 17 décembre, il a signé un accord économique avec la Russie. En échange, La Russie rachète pour 11 milliards d’euros de dette souveraine ukrainienne et diminue d’un tiers le prix du gaz qu’elle lui vend.
| Le gouvernement considère alors qu’il peut passer à l’offensive. Le jeudi 16 janvier, au Parlement, la majorité présidentielle vote en urgence une série de lois liberticides. Ce vote a le soutien du parti communiste (ce que le Monde, comme l’Humanité « oublieront » de signaler).
Avec ces lois, toute accusation portée contre un juge ou un policier, pour excès de pouvoir ou corruption, peut valoir la prison : car la « collecte, la conservation et la propagation d’informations confidentielles sur les juges et les membres de leurs familles » est punie jusqu’à deux ans de prison, voire trois ans si ces actes sont dirigés contre les collaborateurs des forces de sécurité. |
De même, tout manifestant accusé de bloquer un bâtiment officiel encourt cinq ans de prison. Le vote de ces lois dites du « jeudi noir » marque un tournant et ouvre la voie à un État policier.
Ces lois, aussitôt promulguées, provoquent un puissant rebond de la mobilisation ; 100 à 200 000 manifestants se rassemblent à Kiev le dimanche 19 janvier. Et les « leaders » de l’opposition officielle ne contrôlent plus rien. Des centaines de manifestants s’affrontent à la police.
Ces affrontements se poursuivent les deux jours suivants et la colère grandit face aux arrestations, aux actes de tortures et aux « disparitions » de militants.
Le 22 janvier 2014, les forces antiémeutes attaquent les barricades. Plusieurs manifestants sont tués. La contestation s’étend à d’autres villes, y compris à l’est et au sud du pays.
Il y a de nouveau des affrontements dans la nuit du 24 au 25, et un centre de congrès où s’est installée la police est pris d’assaut par les manifestants. Le dimanche 26, les manifestants s’emparent du ministère de la justice.
C’est dans cette situation insurrectionnelle que, le 25 janvier, le président tente une manœuvre en offrant à deux dirigeants de l’opposition officielle, Arseni Iatseniouk et Vitali Klitchko, le poste de premier ministre et un poste de vice premier ministre, lui-même conservant tous ses pouvoirs présidentiels. Mais ces deux dirigeants ne peuvent accepter, sauf à être considérés come des traîtres.
Autre proposition faite au même moment : l’ « amnistie » des personnes détenues par la police, en échange de l’évacuation des bâtiments officiels occupés.
Puis le président fait quelques concessions : le 28 janvier, le premier ministre démissionne, et les députés abrogent, à la quasi unanimité, presque toutes les lois répressives votées le 16 janvier. Seul le Parti le parti communiste s’abstient.
L’une des raisons qui ont conduit le président à ce repli tactique, c’est le fait que les principaux oligarques, y compris ceux qui soutiennent le clan au pouvoir, s’inquiètent désormais d’une situation de plus en plus explosive et demandent une issue négociée.
Ces manœuvres ne désarment pas « Maïdan ». La foule - très disciplinée - persiste à exiger le départ du président. L’occupation du centre de Kiev se poursuit, où se côtoient une foule pacifique et des groupes équipés pour l’affrontement, organisés en deux douzaines de centuries, souvent liées à l’extrême droite mais pas toujours.
Le 2 février, il y a plus de 60.000 manifestants à Kiev. L’opposition, qui s’inquiète d’une situation qu’elle ne contrôle pas plus que le gouvernement, demande une « médiation internationale ». Aussitôt sont envoyés à Kiev, les 5 et 6 février, Catherine Ashton pour la diplomatie européenne, et Victoria Nuland pour les États-Unis.
70 000 manifestants se retrouvent à Maidan le 9 févier, et encore des dizaines de milliers le 16 février.
L’opposition officielle (y compris l’extrême droite) se prépare alors à des concessions. Le 16, la mairie de Kiev est évacuée par les opposants, ainsi que différents bâtiments en province. La loi d’amnistie est promulguée le lendemain. 230 manifestants sont libérés. Certains pensent alors qu’un compromis devient possible. Mais le gouvernement a décidé de briser cette mobilisation.
Le mardi 18 février, alors que des manifestants se dirigent vers le parlement, des affrontements ont lieu. Des locaux du Parti des régions sont incendiés. La police antiémeute entreprend de « nettoyer » le centre ville. Les affrontements se poursuivent jusqu’à Maïdan où se trouvent des milliers des manifestants : 26 personnes au moins sont tuées.
Le 19 janvier, l’onde de choc provoquée par ce massacre conduit nombre d’habitants à venir en renfort, apportant aux insurgés de quoi résister.
Le jeudi 20, les combats reprennent, la police doit reculer puis tire pour tuer : plus de 80 morts, 100 peut être, quasi tous victimes des snipers de la police. Il y a des centaines de blessés.
Les manifestants ne reculent pas, et font prisonniers des dizaines de policiers. Il est désormais évident que les masses sont décidées à abattre ce régime, que la répression ne sauvera pas. Ce que comprennent les oligarques, qui poussent le régime à accepter un accord.
Dès le lendemain soir, le vendredi 21, sous l’égide de l’Union européenne et en présence du représentant russe, le président ukrainien signe un accord avec les chefs des partis d’opposition (dont Svoboda), accord également signé par les représentants allemands et polonais. Cet accord prévoit notamment le retour à la Constitution de 2004 dans les 48 heures, la formation d’un gouvernement de coalition dans les dix jours qui suivent, une réforme de la Constitution, et une élection présidentielle anticipée, au plus tard en décembre.
Cela signifie que, même avec des pouvoirs officiellement réduits, Ianoukovitch peut rester en place encore dix mois, ce qui lui permet d’espérer reprendre la situation en main.
Mais de cela, les manifestants ne veulent en aucun cas.
Dans la nuit du vendredi au samedi, les trois dirigeants de l’opposition officielle défendent, devant la foule rassemblée, l’accord qu’ils ont signé. Ils se font alors siffler et conspuer par les dizaines de milliers de manifestants, qui exigent le départ immédiat, et non plus tard, du président.
Le refus par les masses du compromis organisé sous le contrôle des impérialismes (russe inclus) se combine alors avec la fragilité intrinsèque d’un régime sans réelle base sociale, ne représentant que les intérêts d’une poignée d’oligarques et de quelques milliers d’individus souvent liés à l’appareil d’État et vivant de prébende et de corruption. Chacun d’eux pense à préserver son propre avenir.
Les défections se multiplient aussitôt dans le camp présidentiel, le bruit se répand que le président est en fuite, la police refuse d’obéir, et le régime s’effondre d’un seul coup.
Tôt le samedi matin, le président du Parlement démissionne, remplacé par un proche de l’opposante Timochenko, elle-même ancienne oligarque. Plusieurs députés abandonnent le parti présidentiel.
Au même moment, des manifestants pénètrent dans le palais privé du président, déserté, tandis que la police déclare « être au côté du peuple ».
A mi-journée, le parlement fait libérer Timochenko. Puis il fixe au 25 mai l’élection présidentielle anticipée et, constatant la disparition du président, le destitue et désigne un président intérimaire.
Il ne reste aux proches de Ianoukovitch qu’à s’enfuir à leur tour ou à tourner casaque. Mais les masses ne peuvent s’approprier le pouvoir en déshérence : il n’y a aucune structure organisée pour le faire, Conseils ou parti ouvrier notamment. L’appareil d’État passe alors sous le contrôle de l’opposition officielle et des maîtres de l’économie. Un gouvernement transitoire se met en place.
Pour le régime de Poutine, pris de court par ces événements, le coup est sévère. Non seulement parce que son projet d’Union est en échec, mais parce que c’est la révolution qui frappe aux portes de la Russie. L’exemple ukrainien peut devenir, pour les masses russes, en exemple contagieux.
C’est donc d’abord contre cette menace qu’il lui faut réagir. Réaliser derrière lui une union patriotique, déchaîner une campagne de propagande contre le « putsch » des « nazis » de Kiev qui sont soutenus par les « puissances occidentales », telle est la ligne directrice de sa contre offensive. L’opération militaire en Crimée doit illustrer sa capacité à « défendre » la patrie. Tel est le premier mobile, car le nouveau pouvoir ukrainien n’avait nullement la prétention de remettre en cause la présence des bases militaires russes en Crimée.
En quelques jours, l’opération - qui ne présentait aucune difficulté pour l’armée russe - est bouclée. Le 25 février, le gouvernement russe conteste la légitimité du nouveau pouvoir à Kiev. Le 27, un commando armé s’empare du siège du Parlement à Simféropol, capitale de la Crimée, et hisse le drapeau russe. Les députés locaux annoncent l’organisation d’un référendum d’autonomie.
Le 1° mars, le Parlement russe « autorise » (sic) le président Poutine à recourir « aux forces armées russes sur le territoire de l’Ukraine ».
Il faut alors 48 heures à Obama pour brandir la menace de « mesures économiques et diplomatiques qui isoleront la Russie ». Le lendemain, Vladimir Poutine déclare qu’ « un coup d’État anticonstitutionnel a eu lieu en Ukraine ».
Le 6 mars, le Parlement de Crimée (qui est une république autonome) demande son rattachement à la Russie. Le référendum est fixé au 16 mars. Dans le même temps, des manifestations de partisans pro-russes et aussi de partisans de l’unité ukrainienne ont lieu à Donetsk.
Le 17 mars, après un référendum dont on connaissait d’avance le résultat, le Conseil suprême de la Crimée proclame l’indépendance, et demande le rattachement à la Russie.
Mais ce faisant, et alors que la menace d’une intervention russe s’accentue dans les régions de l’est ukrainien, Poutine perd toute possibilité de bâtir quelconque alliance avec l’Ukraine. Pour les masses ukrainiennes, cela est désormais impensable, du moins tant que le régime de Poutine sera au pouvoir à Moscou. La peur d’une révolution en Russie a conduit Poutine à sacrifier son projet d’union. Il ne peut guère plus qu’envisager une partition de l’Ukraine, ce qui aurait comme conséquence d’ouvrir une période de conflictualité avec les autres puissances impérialistes.