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Rythmes et loi Peillon
Contrairement à ce qu’affirment les élus PS, les dysfonctionnements de la réforme ne sont pas liés à de simples questions d’organisation qui vont être corrigées avec le temps, ni comme l’écrit L’Humanité (4-5/10/13), à un manque de « concertation entre les animateurs, les enseignants, les familles et les élus », concertation qu’il faudrait « ouvrir rapidement ».
Photo L’insurgé :
en mai dernier, parents et enseignants mobilisés contre les rythmes envahissent un conseil municipal
Avec les projets éducatifs locaux ou territoriaux, l’intervention des différents acteurs éducatifs sur un même territoire, dans des même lieux (la classe) ouvre la porte à des transferts de compétences et à la confusion entre apprentissages disciplinaires et ouverture culturelle.
La redéfinition des programmes autour du « socle commun de connaissances, de compétences et de culture » va dans ce sens. Ainsi, certains élus parlent de culture scientifique, culture historique, culture artistique. Les parcours culturels liés aux activités péri éducatives assurées par des intervenants divers se substitueraient peu à peu aux enseignements de musique, d’art plastique et aussi d’histoire, de science, dispensés par les enseignants.
La territorialisation de l’école est incluse dans les lois Peillon et de décentralisation.
Ces lois et décret organisent la soumission des enseignants et des enseignements aux pouvoirs locaux, lesquels deviennent maitres de l’organisation du temps scolaire. Certaines municipalités cherchent à imposer la modification des horaires de service des enseignants, les accusant d’être responsables, s’ils refusent, des dysfonctionnements liés à la réforme. Ainsi, se profile l’annualisation de leur temps de travail. Et dans le second degré, les enseignants d’EPS se voient dans l’impossibilité d’utiliser nombre de locaux sportifs réservés au premier degré (les plages du périscolaire empiétant sur le temps scolaire).
La loi impose aux Caisses d’allocation familiale (CAF) de participer au financement de la réforme (53 euros par enfant versés aux communes). Les CAF ont déjà été contraintes de financer, par le biais des CESU, des emplois privés dits de « services à domicile » (gardes d’enfants, etc), des crèches privées… Ainsi, l’argent alloué à la réforme des rythmes constitue un véritable pillage des fonds de la Sécu alors que l’État se désengage peu à peu du financement de l’école et de la petite enfance (il faudrait créer des crèches publiques pour accueillir 500 000 demandes non satisfaites).
Dans nombre d’endroits, parents et enseignants se mobilisent contre le chaos engendré, créent des collectifs. L’UMP cherche à récupérer le mécontentement. Or, c’est le ministre Darcos qui a initié la réforme en 2008, supprimé le samedi matin, et annualisé une partie du service des enseignants.
Mais au lieu d’exiger l’abrogation du décret, les directions syndicales (dont le SNUipp, et d’associations : FCPE…) en demandent la réécriture, participent aux comités de suivi locaux et national. Cela ne peut que faire le jeu de ceux qui, tels l’UMP, l’association des maires… appuient Peillon dans sa volonté de réduire de deux semaines les vacances d’été (mesure reportée à 2015).
Infliger, sur cette question, une défaite à Peillon, au gouvernement, serait un point d’appui considérable pour le combat sur les revendications, contre la loi Peillon, pour son abrogation. Cela passe par le combat pour imposer l’unité sur le mot d’ordre d’abrogation du décret, et pour le boycott, au niveau national et à tous les niveaux des comités de suivi de la réforme.