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Abrogation du décret sur les rythmes scolaires ! Les maires doivent retirer leur projet !
En application du décret sur les rythmes scolaires et de la loi Peillon dite de « refondation de l’école » (L’insurgé n° 14), 4000 municipalités ont, à cette rentrée, mis en place une nouvelle organisation de la semaine scolaire. Cela concerne 20% des enfants scolarisés en maternelle et primaire. Quels sont les premiers résultats à cette rentrée ?
Photo L’insurgé : en mai dernier, parents et enseignants mobilisés contre les rythmes envahissent un conseil municipal
La majorité des enseignants s’est prononcée contre la refondation de l’école, et en particulier dans le primaire, contre les nouveaux rythmes scolaires qui entravent notre métier. Dans certaines villes, comme Paris, enseignants et parents se sont mobilisés durant plusieurs mois contre le projet Delanoë-Peillon. Aux Mureaux (78), ils ont envahi le conseil municipal…
Dans une situation où la très grande majorité des communes a décidé de ne pas mette en place la réforme des rythmes à cette échéance, certaines villes comme Paris, Aubervilliers, Les Mureaux.... l’imposent dès cette rentrée.
► Confusion générale entre le scolaire et périscolaire
Un directeur d’école maternelle explique que « les enfants ont perdu tout repère : le lundi, l’école se termine à 16 h 30, le mardi à 15 heures, le mercredi à 11 h 30...
Ils ne savent pas s’ils retrouveront leur maîtresse après la récréation de l’après-midi, si c’est l’heure du goûter parce que les animateurs arrivent, les élèves de petite section découvrent parfois un animateur à la place de leur maîtresse en se réveillant de la sieste...
Impossible pour eux de se projeter dans la journée : à quelle heure quitteront-ils l’école ? Resteront-ils avec les mêmes camarades tout au long de l’après-midi ? Certains sortent à 15 heures, d’autres à 16 h 30, voire à 17 h 30... Et le ballet se poursuit jusqu’à 18 h 15 !
C’est extrêmement anxiogène pour des petits âgés de 3 à 5 ans ». (Le Point 24/09/13)
Cette désorganisation de l’école empêche une structuration de l’espace et du temps chez les élèves qui sont fatigués, désorientés, voire inquiets. Elle se fait au détriment de l’enseignement et même de la sécurité des élèves.
► Utilisation des salles de classes contre la volonté des enseignants
Les salles de classes sont utilisées pour les activités périscolaires, contre la volonté des enseignants. Les enseignants privés de leurs salles de classe ne peuvent plus y préparer les séances du lendemain.
Les enfants passent en permanence d’un adulte (maître) à un autre (animateur). Ils restent dans les mêmes locaux, avec le même matériel, mais les règles changent… L’école devient un lieu d’activités et non plus d’apprentissages.
► Bouleversement des horaires et du rôle des ATSEM en maternelle
Les municipalités font appel aux ATSEM pour les activités périscolaires. Les enfants ne savent plus à qui s’adresser : durant la classe, c’est la maîtresse qui organise les activités (l’ATSEM apporte une aide, range ou prépare du matériel) ; et dans le temps périscolaire, l’ATSEM est en responsabilité, elle devient animatrice.
Les ATSEM ont moins de temps à consacrer à la préparation de la journée avec les enseignants. Le nettoyage des locaux devient difficile et l’hygiène en pâtit. Dans certains endroits l’entretien des locaux est externalisé, ce qui interdit des interventions ponctuelles (souvent indispensables avec de jeunes enfants).
► Augmentation du temps et la charge de travail
Les directeurs gèrent la désorganisation : ils assurent tous les flux entre le temps scolaire et le périscolaire, gèrent des listes d’élèves qui changent tout le temps, communiquent avec les animateurs, pallient dans l’urgence, avec les enseignants aux défauts de surveillance… À Paris, le SNUipp note une explosion des arrêts maladie.
La fatigue des enseignants est telle que le recteur de Paris a inscrit la question de la semaine de 4,5 jours au prochain Comité d’Hygiène et de Sécurité de la Ville de Paris ! Mais le CHSCT n’a pas le pouvoir d’abroger la réforme.
► Perte financière pour les collègues
Alors que le blocage des salaires se poursuit, les enseignants doivent travailler le mercredi. Ils ont des frais de transport, des frais de garde d’enfant supplémentaires…
► Personnel du périscolaire non formé et en sous-nombre
Nombres d’animateurs embauchés par les municipalités ne sont pas titulaires du BAFA. C’est le cas de 20% des intervenants à Paris, ville pourtant bien dotée, et de 80% d’entre eux dans nombre d’autres municipalités comme Les Mureaux.
À cette rentrée seulement 4000 communes, soit 20%, ont mis en place la réforme. Les enseignants (de même que les parents) n’acceptent pas cette réforme qui n’améliore en rien les conditions de travail des personnels et de scolarisation des élèves, qui instaure la main mise des collectivités sur le fonctionnement de l’école et engagea une logique de territorialisation de l’école primaire.
À Aubervilliers 95% des enseignants étaient en grève le 2 octobre (22 écoles sur 32 étaient fermées). Certains animateurs étaient aux côtés des parents et des enseignants pour manifester devant la mairie.
C’est pourquoi le décret sur les rythmes doit être abrogé. Les maires doivent retirer leurs projets.
L’amélioration des conditions de travail et d’études implique, en premier lieu :
– la restitution de tous les postes supprimés (RASED, titulaires-remplaçants, Zil, infirmières et médecins scolaires...) ;
– la baisse des effectifs (25 élèves par classe, 20 en ZEP, 15/20 en maternelle) ;
– une véritable formation des professeurs d’école respectueuse des garanties statutaires ;
– une ATSEM par classe et à plein temps en maternelle et embauchée sous statut de fonctionnaire.
Alors que les mobilisations de parents, d’enseignants s’amplifient, le gouvernement manœuvre : le 9 octobre, il annonce la reconduction en 2014 des aides accordées aux collectivités, la mise sur pied d’un groupe de travail tripartite (Ministère de l’Éducation, allocations familiales-CAF, association des maires-AMF) pour négocier un nouvel assouplissement du taux d’encadrement du périscolaire… L’UMP et l’AMF qu’elle dirige ne sont pas opposées, sur le fond, à la réforme. L’AMF y est favorable ; elle revendique une pérennisation des « aides » aux communes, plus de souplesse encore dans la mise en œuvre. Déjà, le taux d’encadrement des trois heures d’activités périscolaire prévues par la réforme a été abaissé à un animateur pour 14 enfants de moins de 6 ans contre un pour 10 auparavant et à un animateur pour 18 enfants de plus de 6 ans contre un pour 14 auparavant. L’AMF en souhaite l’extension à toutes les activités. Elle demande une extension du financement par les CAF, plus d’autonomie… L’UMP réclame l’augmentation du temps de présence des enseignants dans les écoles - ce que certaines mairies cherchent aujourd’hui à imposer - la création « d’écoles à chartes » (comme aux États-Unis, en Angleterre, en Suède…). Participer aux comités de suivi de la réforme, réclamer la réécriture du décret comme le font les directions du SNUipp, de la FCPE… sont autant de points d’appui pour le gouvernement et servent l’offensive de l’UMP et de l’AMF. |