Enseignement, Université, Recherche
Une nouvelle loi d’orientation pour remplacer la LRU ?
L’autonomie renforcée instaurée par la LRU place les universités sous la dépendance des différents groupes de pression, collectivités locales, pouvoirs économiques. Pour les enseignants chercheurs, personnels et étudiants qui se sont mobilisés contre cette loi en 2009, l’exigence, c’est son abrogation. C’est aussi d’en finir avec tout le processus de « professionnalisation » des études.
Hollande n’avait pas prévu d’abroger la LRU. Le 21 mai, une Coordination nationale des établissements scientifiques et universitaires (CNESU) prenait position pour « Abroger la LRU et le Pacte pour la Recherche en relation avec l’élaboration d’une nouvelle loi », « abroger le décret du 23 avril 2009 modifiant le statut des enseignants-chercheurs »… Le 23 mai, le groupe PCF du Sénat déposait un projet de loi d’abrogation de la LRU. Le 25 mai, le congrès du SNESup votait un appel demandant « l’abrogation du Pacte pour la Recherche (ANR et AERES), de la loi LRU et de ses décrets d’application (comité de sélection…), du décret statutaire modifié des enseignants-chercheurs et de l’évaluation qu’il implique, de l’arrêté licence d’août 2011… ». Cette position était assortie de la demande « d’une nouvelle loi cadre, négociée avec l’ensemble de la communauté universitaire et scientifique ». Début juin, Geneviève Fioraso, ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, annonçait alors une nouvelle loi d’orientation qui remplacerait la LRU ; elle indiquait aussi la méthode du gouvernement pour aboutir à une loi début 2013 : la tenue d’assises régionales suivies d’assises nationales.
Mais en même temps, pas question, dit-elle, de revenir sur l’autonomie : sous couvert d’une nouvelle loi, l’essentiel de la LRU sera maintenu. Et ces Assises régionales font écho à l’annonce par le nouveau gouvernement d’une nouvelle étape de régionalisation dans le Supérieur.
Quant aux IDEX (Initiatives d’excellence), ces huit « super campus » créés à partir de regroupements d’universités et d’écoles, la ministre Fioraso veut les « remettre à plat », donc les pérenniser. Le nouveau conseiller université de François Hollande, JY Mérindol, a toujours été en faveur de regroupements entre université et recherche.
À quoi vont donc servir ces assises ? Le SNESup demande « la création d’un comité de pilotage indépendant du gouvernement, permettant la représentation des établissements ainsi que des organisations syndicales (…) et ouvert à la société civile ». Tout en précisant qu’il est nécessaire « que le SNESUP soit partie prenante de ces réflexions, pour faire valoir ses propositions et contrer celles de la Conférence des Présidents d’Université de « bac - 3 à bac + 3 », dont l’objectif serait la constitution de collèges universitaires de premier cycle, sous contrôle des régions. »
Qui peut croire que l’on pourrait concilier les positions de la « société civile » (dont font partie les représentants du patronat…), celle des Présidents d’universités issus de la LRU et les revendications des enseignants chercheurs, des étudiants ? Une fois de plus, ces assises ne peuvent que déboucher sur une nouvelle loi d’autonomie dont les cadres ont été énoncés par la ministre.
Les revendications issues des mobilisations sont claires :
- abrogation du décret de 2009 instaurant l’évaluation individuelle des enseignants chercheurs,
- abrogation pure et simple de la LRU ; abrogation du processus de « professionnalisation des études » : cela implique d’abroger les décrets de 2002 instaurant le LMD en application du processus de Bologne…
- réemploi et titularisation de tous les précaires et créations massives de postes statutaires
Et pour les étudiants : le droit aux études de leur choix, une allocation d’étude permettant de vivre et d’étudier en toute indépendance (donc sans condition de ressource des familles), la réhabilitation et la création massive de cités U et le réengagement de l’État dans les CROUS.
Le combat uni pour les revendications implique le boycott des assises régionales et nationales et des organismes de concertation et de cogestion.