Espagne : solidarité avec la grève des mineurs
Depuis le 30 mai, les mineurs des bassins charbonniers des Asturies, d’Aragon et du León en Espagne sont en grève pour une « durée indéterminée ».
Face à la crise, le gouvernement Rajoy accélère le rythme et l’offensive contre la classe ouvrière et la jeunesse. Il a décidé de diminuer de 60 % le montant de ses subventions à l’industrie du charbon (un plan prévoit la fermeture définitive des mines en 2018). 8 000 mineurs encore en activité et 30 000 salariés dont l’emploi dépend des charbonnages sont immédiatement menacés. Alors qu’il décide de supprimer plus de 300 millions d’euros de subventions aux charbonnages, le gouvernement négocie un plan de sauvetage des banques de 100 milliards d’euros.
Finalement, le 18 juin, les Comisiones Obreras (CCOO) et l’Unión General de Trabajadores (UGT), ont appelé à la grève générale dans l’ensemble des bassins miniers : les écoles, les lycées, les administrations étaient fermées, de même que nombre de commerces.
Le 31 mai, à Madrid la répression a été féroce contre 12 000 manifestants pacifiques. Depuis, des barrages routiers et ferroviaires sont mis en place tous les jours ; des puits sont occupés. La grève est soutenue par toute la population qui résiste malgré la répression. Les travailleurs des transports ont ainsi mené des actions aux côtés des mineurs. S’appuyant sur la détermination des mineurs, les employés municipaux de León ont envahi le conseil municipal pour protester contre le projet de suppression de 200 postes et de baisse des salaires de 4%.
Les mineurs se heurtent aux Gardes civiles qui tirent des fumigènes et des balles en caoutchoucs, blessant des manifestants. Le dispositif de « sécurité » a été renforcé avec plus de 250 agents déployés dans les dernières semaines à León et dans les Asturies.
En Espagne, la lutte des classes est en train de se cristalliser dans ce combat mené par les mineurs. Le gouvernement ne peut pas reculer, sauf à voir s’effondrer toute sa politique. C’est donc la question du combat central pour affronter le gouvernement Rajoy, lui infliger une défaite politique et le chasser qui va s’imposer si celui-ci refuse de céder aux mineurs.
Mais un tel combat qui ne peut être mené que par l’ensemble du prolétariat d’Espagne exige que soit remise en cause la politique de conciliation des directions syndicales à l’égard du gouvernement. Rappelons, que le 29 mars, alors que la grève générale était massive et que les manifestants scandaient « Non à la réforme du travail ! Grève générale illimitée », les bureaucrates syndicaux réclamaient une « concertation » pour « modifier la réforme ».
Les mineurs d’Espagne ont été au cœur des mobilisations du prolétariat qui ont conduit à la chute de Franco. Et cette mobilisation de la classe ouvrière est une des plus importantes depuis la fin de la dictature franquiste. L’exigence que les directions syndicales soient au service des travailleurs doit aujourd’hui s’imposer afin que les syndicats soient des outils de combat contre le gouvernement.
Dans cette confrontation violente entre le capital et le travail qui s’engage à l’échelle de l’Europe, la grève des mineurs espagnols est aujourd’hui aux avant postes. À Sheffield (Yorkshire) d’anciens mineurs et militants syndicaux viennent de constituer un Comité de Solidarité avec les Mineurs Espagnols. Mais la presse espagnole et internationale fait un silence total sur ce combat. La solidarité de classe avec les mineurs d’Espagne concerne l’ensemble du mouvement ouvrier d’Europe ; il en est de même des questions politiques auxquelles les mineurs sont confrontés.