Les gouvernements de la Concertation
La Concertation des partis pour la démocratie (Concertación de Partidos por la Democracia, ou simplement Concertación en espagnol) est une coalition de partis politiques chiliens autour d’un axe Parti socialiste - Démocratie chrétienne).
Cette alliance est née sous le nom de Concertación de Partidos por el No (Concertation des partis pour le non) à l’occasion du référendum de 1988 portant sur le maintien au pouvoir du général Auguste Pinochet. Depuis la victoire du non avec 56%, le retour des élections libres en 1989, la Concertation a remporté toutes les élections législatives et présidentielles depuis, jusqu’à 2009-2010. Les quatre présidents qu’a connus le Chili de 1990 à 2010 sont tous issus de la Concertación. De 2006 à 2010, la présidence était assurée par Michelle Bachelet (PS).
Mais la Concertación sensée assurer la transition vers la « démocratie » a très peu touché aux cadres de l’État de Pinochet. La constitution mise en place sous Pinochet en 1980 assure presque mécaniquement la moitié des sièges du Sénat et de la Chambre des députés à la droite chilienne. Elle a maintenu la LOCE, la Loi organique constitutionnelle de l’Éducation. Cette loi de Pinochet, inscrite dans la Constitution en 1990 est hyper sélective et donne une place privilégiée à l’enseignement privé.
Elle s’est targuée d’un succès économique. En fait, elle a poursuivi l’ouverture de l’économie chilienne au marché mondial réalisée par Pinochet, laquelle s’était accompagnée de la privatisation d’entreprises et de services publics, la dérégulation du marché du travail et l’exportation de ressources naturelles (cuivre et dérivés) et de produits industriels (alimentaires, chimiques sidérurgiques). La croissance a augmenté de 5% en moyenne de 1990 à 2010 ; mais elle a largement bénéficié de la hausse du prix du cuivre.
La Concertación a donc, dans la pratique, maintenu et soutenu le secteur privé dans l’éducation, la santé et le système de retraites… L’important taux d’exploitation du travail des chiliens, les très fortes inégalités sociales… Voilà sur quoi repose la poursuite de ce « miracle » chilien.
Elle a, de fait, administré l’héritage de Pinochet.
En janvier 2010, sa déroute électorale conduit à l’élection de l’entrepreneur Sebastián Piñera. Son parti Renovación Nacional (Rénovation Nationale, libéral) forme avec l’Unión Demócrata Independiente (UDI) la Alianza por Chile (Alliance pour le Chili). Ils sont constitués, avec d’autres formations de droite, la Coalición por el Cambio (Coalition pour le Changement).