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Réforme de la licence : cap sur la professionalisation
“En trois ans, nous avons plus changé l’université que durant les trente années précédentes. L’autonomie (…) est revenue au centre de notre système d’enseignement”, indiquait-elle dans une interview donnée au Monde, le 12 janvier 2012. Et de préciser ainsi le contenu de la deuxième étape de son « plan licence » :
“Je souhaite que toutes les licences offrent des savoirs, des savoir-faire et des savoir-être” ».
Il s’agit de mettre en place une nouvelle architecture de la licence qui s’inspire de la deuxième partie du rapport Aghion. Plutôt que d’organiser une sélection ouverte à l’entrée de l’université, ce rapport recommande une « spécialisation progressive » dans le cadre de “collèges universitaires” regroupant l’ensemble des filières du premier cycle, à savoir “les formations universitaires générales (avec spécialisation et orientation progressives), les formations professionnalisantes courtes (avec passerelles les reliant aux formations générales) et les formations préparatoires aux grandes écoles”.
L’expression “collège universitaire” passe mal, aussi Pécresse suggère-t-elle l’appellation de “cycle d’études fondamental”.
Elle annonce “l’organisation du premier cycle en spécialisation progressive, à la fois avec culture générale et professionnalisation”. Une 1re année fondamentale jouerait " le rôle de portail" (culture générale, soutien, semestres de "rebond"). Une 2e année de professionnalisation articulerait enseignements académiques et semestre de professionnalisation : les étudiants devraient non seulement faire un stage, mais ils devraient aussi acquérir des compétences en bureautique, environnement des entreprises… (bref, des compétences utiles en entreprise) et bâtir un projet professionnel. La 3e année serait celle de la spécialisation et du choix de la poursuite d’étude ou de l’insertion professionnelle.
Le gouvernement veut aussi généraliser les possibilités de réorientation : ainsi au bout d’un semestre, l’étudiant pourra/devra se réorienter en partant en BTS ou IUT (l’accumulation de crédits ECTS permettant une grande flexibilité). Les classes préparatoires devraient signer une convention avec une université pour que les étudiants puissent entrer en L3 (ou en L2 au bout d’un an) s’ils n’intègrent pas une grande école.
Les universités doivent avoir le souci du "placement", c’est le leitmotiv de l’économiste Philippe Aghion. C’est aussi le souci de Pécresse. Aussi a-t-elle clairement évoqué la possibilité pour les diplômés d’une licence générale (licence d’histoire par exemple) de pouvoir entrer sur le marché du travail. Les universités devront élaborer un référentiel de formation listant les compétences professionnelles acquises par l’étudiant. Voici le type de compétences acquises par l’étudiant en histoire donné en exemple par Pécresse : “poser clairement un problème, en distinguant l’essentiel de l’accessoire, et le trancher, c’est peut-être l’une des compétences professionnelles les plus essentielles qui soit”. Ce seul exemple est par ailleurs illustratif de la réorientation que l’on entend donner au contenu des études.
C’est ce que le gouvernement appelle « réhabiliter » les filières littéraires et de sciences humaines...sur le marché du travail. Et dans cette entreprise, il compte sur la participation des "partenaires sociaux" à la "conception des diplômes". L’élaboration des référentiels de formation sera une pièce maîtresse pour redéfinir les « diplômes » et le contenu des formations universitaires.