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Mobilisations pour la gratuité des études
Le 24 novembre, des centaines de milliers d’étudiants se sont mobilisés dans 14 pays d’Amérique Latine pour la première marche Latino-Américaine pour une éducation gratuite de qualité, et contre les politiques de privatisation de l’enseignement. Cette grande marche était convoquée par la MANE (Mesa Amplia Nacional Estudiantil, structure mise en place les 20-21 août 2011) qui a organisé à Bogota une très grande mobilisation étudiante le 13 novembre 2011.
Cette initiative s’appuie sur les mobilisations de la jeunesse chilienne qui depuis six mois combat pour la gratuité des études (voir l’article du n° 9 de L’insurgé).
En Colombie, les étudiants combattent pour le retrait de la « Ley 30 » (loi n°30) qui vise à renforcer la privatisation des universités et qui cherche à institutionnaliser des règles similaires à celles imposées depuis la dictature de Pinochet au Chili.
Cette politique tente de se développer dans tout le continent lationo-amércain. Ainsi, en Argentine, la Présidente Cristina Kirchner a annoncé un décret imposant des stages non rémunérés aux élèves du secondaire et autorisant les entreprises à prendre part à l’élaboration des programmes scolaires et à l’évaluation des lycéens.
Cette revendication de la gratuité est aussi celle de la jeunesse, en Europe et au Québec (photo), confrontée aux mêmes politiques.
Ces politiques de privatisation se développent dans tous les pays, dans le cadre du processus de Bologne, du traité de Lisbonne et de la stratégie Europe 2020. En Croatie les étudiants d’une douzaine de facultés dont celle de Zagreb s’organisent depuis le début du mois de septembre sous le slogan « Pour une éducation gratuite ». Les frais de scolarité s’élèvent cette année à 800 euros. En Croatie, le salaire moyen avoisine 600 euros et le salaire minimum 380 euros, alors que le taux de chômage s’élève à plus de 18% de la population active. |
Le 16 novembre dernier, à Sofia en Bulgarie, 3 000 étudiants ont manifesté pour réclamer une université libre et gratuite pour toutes et tous. Depuis le 20 octobre 2011 les étudiants bloquent les facultés de philosophie et de lettres de Belgrade. Ils mettent en avant le slogan : « Le savoir n’est pas une marchandise ». En Serbie les frais d’inscription sont de 800 à 3 000 euros par an, alors que le salaire mensuel par habitant atteint à peine 300 euros par mois.
Début novembre, 40 000 étudiants irlandais manifestaient dans les rues de Dublin. Durant tout le mois de novembre, en Angleterre, les étudiants se sont mobilisés, à Londres, à Manchester, à Oxford, Cardiff et dans d’autres villes pour protester contre la hausse des frais d’inscriptions et les coupes budgétaires. Cette année, les étudiants anglais doivent verser 6 à 9000 livres (environ 7 000 à 11 000 euros) pour s’inscrire à l’université.
En Italie les étudiants luttent contre la réforme Gelmini qui prévoit la fusion des petits établissements, l’entrée du patronat dans les conseils d’administration et la mise en place d’une université fondée sur le mérite. Les 15, 17 et 24 novembre, des milliers d’étudiants ont manifesté dans les rues des principales villes du pays.
En Allemagne aussi : le 17 novembre, à Regensburg, 10 000 personnes manifestaient contre les coupes budgétaires imposées aux universités publiques. Au Québec, le 10 novembre, des dizaines de milliers de jeunes sont descendus dans la rue pour les mêmes revendications. En Algérie aussi, la jeunesse est en lutte contre l’instauration du LMD à l’université…
Le mot d’ordre des étudiants colombiens « pour une Éducation gratuite, publique et de qualité » est celui de toute la jeunesse. Et cette exigence du droit aux études de son choix est bien plus qu’une revendication « démocratique ». Elle est contradictoire aux besoins du capital.