Aux côtés des travailleurs et de la jeunesse d’Haïti : retrait des troupes d’occupation de la MINUSTAH
Le 15 octobre, à l’unanimité, le Conseil de sécurité de l’ONU a décidé de prolonger jusqu’en 2012 le stationnement en Haïti de la Mission des nations unies pour la stabilisation d’Haïti (MINUSTAH). Or, en Haïti même, des manifestations demandent le départ de ces troupes d’occupation.
C’est sous couvert de « mission humanitaire », qu’en 2004, une résolution de l’ONU décidait de cette occupation militaire par une force comportant une composante civile (conseillers et des unités de police) et une composante militaire (soldats de tous rangs). La MINUSTAH participe au maintien de l’ordre, au renforcement de la police nationale haïtienne…
Ces 12 000 hommes vivent dans l’opulence parmi la population Haïtienne condamnée à la misère. À leur contact se sont développés la prostitution de mineurs et de mineures, des trafics et des viols collectifs… en toute impunité, leur statut de soldats onusiens les plaçant au-dessus des tribunaux haïtiens. Ces troupes participent aussi activement à la répression des manifestations dans tous le pays.
À nouveau, à Haïti, après la divulgation sur Internet d’une vidéo montrant le viol d’un jeune Haïtien par des soldats onusiens, des manifestations demandent le départ des troupes de la MINUSTAH. Fin 2010, des manifestations violentes avaient déjà eu lieu contre la présence des Casques bleus à l’origine de l’épidémie de choléra (40 000 malades et près de 4000 personnes tuées selon les chiffres officiels alors publiés). Le 31 octobre dernier, à Hinche, les manifestants affirment ainsi leur détermination à lutter jusqu’à ce que le pays soit « désoccupé » : « À bas la MINUSTAH, vive une Haïti souveraine », « À bas la CIRH (la commission internationale de reconstruction) », « La mission onusienne doit indemniser les victimes directes et indirectes du choléra ».
Les troupes d’occupation de la MINUSTAH n’ont apporté aucune solution au dénuement extrême des masses haïtiennes. Pire, elles sont un facteur d’aggravation de la crise.
Sous couvert d’aide humanitaire, il s’agit de maintenir la domination impérialiste en Haïti. Pour cette besogne, on a fait appel à des troupes provenant de 18 pays dont la moitié d’Amérique latine (essentiellement du Brésil, d’Argentine, du Chili, de Bolivie, d’Équateur, d’Uruguay et aussi d’Asie, d’Afrique), placées sous les ordres de généraux brésiliens. Les gouvernements américains et français maintiennent par ailleurs des liens étroits avec le gouvernement et des parlementaires haïtiens. Chacun cherche à défendre ses intérêts dans la région.
Le 5 novembre, à Sao Paulo, a eu lieu une manifestation rassemblant des représentants d’organisations ouvrières du continent latino-américain exigeant des gouvernements latino-américains « le retrait immédiat des troupes d’Haïti ». Parmi les délégations, se trouvaient des représentants de la Confédération Autonome des Travailleurs Haïtiens (CATH), de l’Union des Mineurs de Huanini (Bolivie), du syndicat des Métallurgistes de l’Uruguay, de la Confédération bancaire du Chili, de l’Union des Électriciens du Mexique, de la Centrale Unique des Travailleurs du Brésil ainsi que des députés et des dirigeants du Parti des Travailleurs du Brésil. D’autres regroupements participaient à ce rassemblement, en particulier le Comité argentin pour le retrait des troupes d’Haïti, représenté par une dirigeante de la TPR (Tendencia Piquetera Revolucionaria).
L’impérialisme français est impliqué dans cette mission militaro-policière dénommée de « stabilisation », laquelle est une atteinte à la souveraineté d’Haïti. Outre quelques intérêts économiques (adduction d’eau, irrigation, construction de routes…), il s’agit d’une opération visant à préserver l’ordre impérialiste dans l’ensemble des Caraïbes. Au nom du co-développement, la France participe à la formation des services haïtiens de lutte contre l’émigration “illégale”. Et, après avoir mis des obstacles infranchissables à l’obtention de visas ou de titres de séjour, le gouvernement expulse (comme en juillet dernier) des Haïtiens à partir de la Guadeloupe. L’impérialisme français a, de plus, une responsabilité particulière dans cette situation de misère imposée depuis des décennies : en 1825, il fit payer à Haïti le prix de son indépendance (arrachée par l’insurrection) en imposant le paiement de 150 millions de francs-or, ce qui équivaut à 20 milliards de dollars d’aujourd’hui !
La solidarité avec le peuple d’Haïti repose sur les exigences suivantes :
C’est la responsabilité de l’ensemble des organisations du mouvement ouvrier de mener le combat en ce sens, aux côtés des travailleurs et de la jeunesse d’Haïti.