Infliger une défaite à Sarkozy
Un important mouvement de grèves a commencé dan l’enseignement début février, dès avant les congés scolaires, en particulier dans l’académie de Créteil. Spontanément.
Les établissements en grève (lycée Chérioux de Vitry, Henri-Wallon à Aubervilliers…) se sont heurtés au refus du ministre de satisfaire leurs revendications. Le gouvernement redoutait en effet qu’un recul de sa part soit un encouragement pour tous les enseignants qui, partout, refusent la politique gouvernementale.
Mais la grève s’est étendue. Puis les syndicats de l’académie de Créteil ont appelé à la grève le 11 février.
Mais c’est dans toute la France la même situation. Ce sont donc les mêmes revendications qui surgissent.
Les Assemblées et coordinations exigent notamment le retrait de toutes les réformes qui démantèlent l’enseignement public : réforme Chatel des lycées, réforme des Lycées professionnels, réforme Darcos du premier degré, mastérisation des recrutements, loi d’autonomie des universités (LRU). Ils ont exigé l’abrogation de la loi de mobilité des fonctionnaires qui autorise les licenciements dans la fonction publique… (Assemblée ÃŽle de France du 18 février).
La riposte ne pouvait donc être que nationale. Il fut alors décidé par l’ensemble des syndicats d’appeler à la grève ce vendredi 12 mars. Cette décision a été prise car la mobilisation, à la base, les y poussait.
En même temps les dirigeants se sont empressés de solliciter une audience auprès de Chatel.
Mais cela fait deux ans que les dirigeants syndicaux enseignants (mais aussi étudiants et lycéens) dialoguent avec Darcos puis Châtel. On a vu le résultat : le gouvernement a considéré que ces discussions valaient encouragement à poursuivre ses réformes. Une conclusion s’impose : assez de dialogue social !
Le rôle des syndicats est de défendre les revendications définies par les assemblées générales (non de les édulcorer ou d’en avancer d’autres qui soient compatibles avec les désirs du gouvernement. Ainsi, les enseignants ne demandent pas une « autre réforme » des lycées, ils demandent l’abrogation pure et simple de la Réforme Chatel. C’est sur cette base que l’action efficace peut être engagée : gagner sur les revendications implique d’affronter le gouvernement, non de « dialoguer  » avec lui.
Cela implique que les dirigeants syndicaux appellent IMMÉDIATEMENT ET À L’ÉCHELLE NATIONALE à la grève jusqu’à satisfaction des revendications, celles formulées dans les Assemblées générales, et en particulier le retrait des réformes qui démantèlent l’enseignement public.
Cela nécessite qu’une telle grève soit contrôlée par les assemblées générales, que les comités de grève et coordinations nationales soient mandatés et révocables. C’est sur cette base que peut être infligée une défaite majeure à ce gouvernement.
Et une défaite de Sarkozy face aux mobilisations serait utilement complétée par une défaite de l’UMP aux élections régionales. Encore faut il que l’on fixe clairement les enjeux de ces élections régionales.
Face à la crise du capitalisme, face à la politique de Sarkozy, ce n’est pas au niveau des régions que seront apportées les réponses nécessaires. Ainsi, ce ne sont pas les élus régionaux qui peuvent imposer l’interdiction de tous les licenciements, ou abroger la réforme des lycées.
Être candidat à ces élections était utile comme appui dans le combat pour en finir avec Sarkozy et la cinquième République. La responsabilité du PCF comme du PG, du NPA comme du PS était de montrer que les régions sont conçues pour appliquer la politique du gouvernement, et le seront davantage avec la réforme Balladur qui se prépare ; c’était d’expliquer que la question centrale, c’est celle du pouvoir, et de profiter de ces élections pour mener campagne sur des revendications nationales, par exemple pour l’interdiction de tous les licenciements. Ce n’est pas ce qu’ils ont fait.
Et ces partis ont disloqué eux-mêmes leur propre politique nationale en passant des alliances variables selon les régions. Ainsi, le PCF s’allie parfois avec PS dès le premier tour, et le plus souvent avec le Parti de gauche. Voire avec le NPA...
Nombre de salariés et de jeunes vont s’abstenir. Mais beaucoup vont vouloir exprimer leur volonté d’en finir avec ce gouvernement. Certains voteront Parti socialiste. D’autres préféreront voter LO ou NPA dont le langage est plus radical. Et les hésitants voteront Front de gauche… Mais l’obstacle à un vote classe contre classe au second tour sera la présence de candidats de partis bourgeois (MODEM, radicaux et radicaux valoisiens, Cap 21, etc…) sur bien des listes (notamment celles conduites par le PS). On ne peut accepter de voter pour de telles alliances (on pourra aussi rayer les noms des candidats bourgeois).
Au delà, on ne peut rester soumis au calendrier électoral, attendre patiemment 2012 pour chasser Sarkozy.
Par la mobilisation contre le gouvernement, par l’unité de toutes les organisations du mouvement ouvrier (partis et syndicats), en mettant fin au dialogue social, il est possible de créer les conditions politiques pour chasser Sarkozy sans attendre 2012. Une telle unité face au gouvernement est possible puisque dans certains cas, ces mêmes partis sont capables de se battre ensemble au côté des travailleurs. Ainsi face au tribunal qui poursuivait Xavier Mathieu et d’autres travailleurs de Continental, les représentants du PS et ceux du PCF, ceux du PG du NPA et de LO sont tous venus soutenir ces travailleurs.
Mais pour quelle alternative immédiate ? La vie politique donne des éléments de réponse : si l’unité est possible pour défendre les travailleurs de Conti, pourquoi ne serait-elle pas possible pour défendre toute la classe ouvrière ? Et permettre la constitution d’un gouvernement sans représentants de partis bourgeois ?
Mais une véritable unité ne peut se réaliser que sur un programme de défense de la classe ouvrière et de la jeunesse : un programme qui prenne d’abord en compte les revendications qui surgissent des mobilisations, et des Assemblées générales. C’est le cas, par exemple, de l’abrogation des lois et mesures réactionnaires qui s’attaquent à l’enseignement public et aux hôpitaux publics. C’est ensuite un programme qui généralise les revendications et les combats particuliers. Ainsi les combats locaux menés contre les licenciements impliquent une mesure d’ordre général : l’interdiction de tous les licenciements.
Et c’est aussi un programme qui permette de mettre en œuvre ces mesures, ce qui implique de s’attaquer aux fondements du capitalisme, en commençant par l’expropriation des banques.
Mais il n’y aura de combats victorieux - revendicatifs comme politiques - que si les travailleurs ont le contrôle à chaque moment de leur propre mobilisation. C’est dans de tels combats et sur ce programme que devra se construire un véritable parti révolutionnaire, indispensable pour en finir avec le capitalisme.